Gouvernance africaine : le pouvoir, une histoire de femmes
Catherine Samba-Panza, Joyce Banda, Ellen Johnson Sirleaf ou Aminata Touré aujourd’hui. Sylvie Kinigi, Ruth Perry ou Élisabeth Domitien hier. Ces Africaines ont un point commun : elles sont ou ont été présidentes ou Premières ministres.
Dans l’enthousiasme, certains l’ont qualifiée un peu rapidement de première femme chef d’État d’Afrique francophone, voire de "troisième présidente de l’Afrique postcoloniale" (le New York Times). Mais Catherine Samba-Panza n’est pas tout à fait une pionnière, y compris chez les francophones. La Burundaise Sylvie Kinigi a ainsi exercé cette fonction par intérim entre octobre 1993 et février 1994, tout comme la Gabonaise Rose Francine Rogombé pendant quatre mois, après la mort d’Omar Bongo Ondimba (en 2009).
En Afrique anglophone, la Libérienne Ruth Perry a occupé de facto le fauteuil suprême, en tant que présidente du Conseil d’État, entre septembre 1996 et août 1997, et l’on avait un peu oublié que la toute première femme chef d’État sur le continent restera, pour l’Histoire, une lusophone, Carmen Pereira, présidente de la Guinée-Bissau. Il est vrai que son règne fut météoritique : deux jours, du 14 au 16 mai 1984. Enfin, deux femmes exercent actuellement cette fonction en Afrique – Catherine Samba-Panza étant la troisième depuis son investiture le 23 janvier : Ellen Johnson Sirleaf au Liberia et Joyce Banda au Malawi.
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Côté Premiers ministres (ou Premières ministres ?), la Sénégalaise Aminata Touré est la seule Africaine à occuper, en ce moment, cette position. La Mozambicaine Luisa Diogo, la Malienne Cissé Mariam Sidibé, les Santoméennes Maria das Neves et Maria do Carmo Silveira, et (déjà) la Sénégalaise Mame Madior Boye les ont précédées à ce poste au cours des années 2000.
Mention particulière doit être faite de deux femmes, dont le passage à la tête de leur gouvernement s’acheva brutalement. La Rwandaise Agathe Uwilingiyimana, assassinée par les génocidaires le 7 avril 1994, et… la Centrafricaine Élisabeth Domitien. Ce lointain prédécesseur de Catherine Samba-Panza fut, de janvier 1975 à avril 1976, la première femme Premier ministre en Afrique. Jean-Bedel Bokassa, qui l’avait nommée, finit par la faire arrêter, juger puis emprisonner avant de la bannir de la scène politique. Motif : elle s’était opposée à son projet de se proclamer empereur…
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