Web : afrikadaa.com, l’art africain contemporain à l’honneur
Fondée par deux artistes, Carole Diop et Pascale Obolo, la revue Afrikadaa, disponible gratuitement sur internet, met à l’honneur la création du continent.
De la passion et des idées. Voici les ingrédients qui ont présidé au lancement d’Afrikadaa, première revue africaine numérique d’art contemporain. En 2010, l’architecte sénégalaise Carole Diop met en ligne un blog, Afrikadaa, pour faire connaître des artistes du continent. Mais c’est grâce à sa rencontre avec Pascale Obolo, artiste, réalisatrice camerounaise et fondatrice du collectif Diasparis – consacré aux artistes de la diaspora – que le projet d’une revue en ligne voit le jour. En mars 2012, elles créent leur association et lancent la revue dans la foulée, disponible à l’adresse : www.afrikadaa.com.
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Leur constat est simple : alors que la scène artistique africaine explose sur le continent, elle n’occupe que très peu de place dans les médias, les musées et évidemment les revues d’art françaises. Une situation bien différente de celle des États-Unis, où les African Studies créent dans les universités un espace de réflexion et d’échanges sur l’art africain. Les deux femmes s’inspirent également des nombreuses publications de qualité qui émergent sur le continent lui-même, en particulier dans l’espace anglophone (Afrique du Sud et Nigeria) et au Maghreb. "On s’est placé un peu dans la lignée de la Revue noire. Notre objectif est de créer un pont entre artistes et intellectuels, de donner une place à l’écrit, à la réflexion sur l’art dans un continent dont on a le tort de croire qu’il est resté figé dans l’oralité", explique Pascale Obolo.
Art contemporain, architecture, design…
Thématique, à contre-courant, la revue n’est pas tributaire de l’actualité. Elle met à l’honneur l’art contemporain, l’architecture, le design. Chaque numéro est accompagné d’un "acte éditorial", à savoir une exposition qui permet un dialogue concret entre les artistes et le public. La plupart ont eu lieu au Lavoir moderne, espace parisien connu pour abriter les Femen. "Ce n’est pas un hasard, ajoute Pascale Obolo. Notre revue est aussi un acte de résistance et de féminité contre une certaine vision de l’art en France, encore marquée par le colonialisme et rétive à la diversité. À la Tate Gallery, à Londres, on voit régulièrement des expositions consacrées à des artistes du Sud. Quand est-ce que ce sera le cas au palais de Tokyo ou à Beaubourg ?" Derrière Afrikadaa travaille un collectif de cinq à six personnes, toutes artistes et d’origines diverses. La revue, numérique, est déterritorialisée. "On utilise tout ce que la technologie peut nous offrir afin de communiquer et d’ouvrir nos horizons", conclut la vidéaste. Carole Diop travaille par exemple depuis Dakar, et la revue bénéficie aussi du regard de Frieda Ekotto, professeure à l’université du Michigan (États-Unis). L’ouverture, qu’elles se sont imposée, sur l’ensemble du continent les a convaincues de publier des articles en anglais et en français.
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Dotée d’une forte identité visuelle et d’une véritable ligne esthétique, la revue Afrikadaa frappe d’abord par la qualité de sa mise en page et l’originalité des iconographies. Véritable "objet éditorial", la facture de la revue est proche de celle du livre d’art.
Aujourd’hui, les membres du collectif travaillent bénévolement et se rémunèrent au coup par coup, lorsqu’ils participent à des projets artistiques ou que des institutions leur versent une subvention. "Évidemment, nous devons entamer une réflexion sur un modèle économique plus viable et essayer de trouver des partenaires au long cours, d’autant que nous avons l’intention de lancer une version papier à l’horizon 2015", reconnaît Pascale Obolo.
Des abonnements à la revue pour les universités
Là non plus les idées ne manquent pas. Son lectorat étant en grande partie composé d’étudiants ou d’universitaires, la revue compte proposer des abonnements aux universités. Partant du constat qu’il y a de plus en plus de collectionneurs en Afrique, elle songe également à nouer des partenariats avec des hôtels de luxe, dont les clients pourraient être intéressés par les grands noms de l’art africain. Qui a dit que la passion et les idées ne suffisaient pas ?
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