RDC : les infos, c’est sur Kyondo

Lancée en 2012, la station de radio et de télévision lushoise Kyondo a musclé ses programmes, avec quatre JT quotidiens. L’artisan de cette évolution : Kasongo Mwema Yamba Yamba, un ancien de RFI.

Dans la régie de KRTV. © Dr

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Publié le 31 janvier 2014 Lecture : 4 minutes.

Le grand réveil de la RDC
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Le grand réveil de la RDC

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Depuis les années 1990, le paysage audiovisuel ne cesse de s’élargir en RD Congo. Et notamment à Lubumbashi (sud-est du pays). Avec une population d’environ 2 millions d’habitants, la capitale de la province minière du Katanga est loin d’être surpeuplée si on la compare à Kinshasa (quelque 10 millions d’habitants), mais elle n’est pas mal lotie en matière de médias. À ce jour, on y dénombre 18 chaînes de télévision : la chaîne nationale, 12 canaux privés commerciaux et 5 confessionnels. S’y ajoutent 17 stations de radio : une publique, 11 privées commerciales, 3 confessionnelles et 2 communautaires. C’est dans ce paysage qu’évolue Kyondo Radio Télévision (KRTV), pratiquement la dernière-née des entreprises.

Les essais ont commencé en 2011. Mais c’est en mars 2012 que les télé­spectateurs et auditeurs ont réellement découvert KRTV. À l’origine de sa création, Jacques Masangu a Mwanza, ancien ambassadeur, et son fils Jean-Claude Masangu Mulongo, qui était, il y a encore quelques mois, gouverneur de la Banque centrale. Cette entreprise familiale a démarré grâce à un investissement initial de 300 000 dollars (près de 220 000 euros). En juin 2012, elle a recruté Kasongo Mwema Yamba Yamba, un ancien de Télé-Zaïre et de Radio France internationale (RFI), au poste de directeur général.

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À ses débuts, "l’antenne de KRTV était essentiellement musicale, au point que certains l’avaient surnommée Radiotélé Musique, rappelle Kasongo Mwema. La grille télévisuelle comportait très peu de programmes consistants : deux ou trois magazines sur la santé, l’éducation, les coutumes et traditions, ainsi qu’un journal diffusé à 20 heures et rediffusé à 23 heures". Mais elle a beaucoup évolué dans les trois mois qui ont suivi l’arrivée du nouveau directeur général. Celui-ci s’est attelé à donner "un coup de fouet et une identité forte à la chaîne". KRTV est désormais la seule à proposer quatre éditions en direct du journal télévisé (à 7 heures, 13 heures, 20 heures et 23 heures). Un service consacré aux enquêtes et aux magazines a également été créé. Il occupe l’antenne, avec huit émissions hebdomadaires. La chaîne propose par ailleurs des émissions sponsorisées, confiées à sept producteurs qui travaillent avec des collaborateurs extérieurs bénévoles. Quant au service des programmes, il gère une dizaine de rendez-vous par semaine, essentiellement musicaux.

Partenariat avec RFI

Côté radio, KRTV a noué un partenariat avec RFI, dont elle reprend certains programmes (qui représentent 10 % à 12 % de sa grille), mais également le signal en dehors de Lubumbashi. Et la station française a mis à la disposition de sa partenaire lushoise un équipement de connexion satellitaire d’une valeur de 1 400 euros.

Kasongo Mwema compte beaucoup sur la formation du personnel pour améliorer le travail de ses équipes. "La chaîne n’emploie pas encore de véritables réalisateurs radio-TV ; ce sont des régisseurs-pupitreurs qui jouent actuellement ce rôle. Il va falloir en recruter ou en former", assure-t-il. Une session de formation a pourtant déjà eu lieu, en octobre et novembre 2011, avec en moyenne dix jours consacrés à chaque filière (journalisme, réalisation, prise de vues, montage, documentation, etc.). Les intervenants venaient de Kinshasa, d’Afrique du Sud et de France. Mais, selon Kasongo Mwema, cela n’a pas suffi pour tous les employés "vu les différences de niveaux". De plus, "beaucoup de notions apprises se sont évaporées" au cours de la période de flottement qui a précédé le démarrage de l’activité, regrette le directeur général.

Actuellement, KRTV emploie 54 personnes (dont 43 % de femmes) à temps plein, alors que la moyenne dans les principales chaînes de Lubumbashi oscille entre 80 et 110 salariés.

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Actuellement, KRTV emploie 54 personnes (dont 43 % de femmes) à temps plein, alors que la moyenne dans les principales chaînes de Lubumbashi oscille entre 80 et 110 salariés. Sur le plan salarial, l’entreprise fait mieux que ses concurrentes, selon son dirigeant : 250 dollars par mois en moyenne, quand les autres ne franchissent pas "la barre des 100 dollars".

KRTV produit 50% de ses programmes

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Mais les difficultés ne manquent pas, au premier rang desquelles l’étroitesse d’un marché publicitaire "verrouillé par quelques mandarins politiques (et commerçants)" ou les difficultés que rencontrent les équipes pour se déplacer à l’intérieur de la province.

Des efforts ont été faits pour assainir la gestion de la société, et des dispositions ont été prises afin de "mieux encadrer la passation des marchés publicitaires et les décaissements de fonds". Ce qui permet à Kasongo Mwema de considérer l’avenir avec un optimisme prudent : "Nous ne pouvons pas, à court terme, envisager de développer la production. Il faut d’abord observer l’évolution de l’assiette financière. Si la tendance haussière se maintient, nous passerons à la production dans les terroirs katangais, pour coller à notre slogan de chaîne de la culture."

KRTV produit pour le moment 50 % de ses programmes. En attendant de pouvoir accroître cette part, l’accent est mis sur le renforcement des partenariats extérieurs : RFI, bien sûr, mais aussi l’Institut national de l’audiovisuel français (INA, en vue d’acheter des documentaires à des prix avantageux), la Radio-Télévision belge francophone (RTBF) ou France 24.

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