RDC : rendez-vous en 2016 !
Vital Kamerhe est le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), ancien président de l’Assemblée nationale de RDC.
Le grand réveil de la RDC
Le premier problème de la RD Congo depuis son accession à la souveraineté, le 30 juin 1960, reste celui de l’absence d’un leadership visionnaire, rassembleur et responsable.
Dès le départ, nous avions fait fausse route. Avec la promulgation de la Constitution de 1960, chaque leader avait transformé sa tribu, son ethnie, en parti politique. Autour de ces regroupements s’arrimaient des petites constellations claniques. Tous avaient un point commun : pas de projet de société. Il est donc clair que le premier problème du pays est l’homme politique congolais lui-même : le pouvoir pour soi, sa famille, sa tribu, son clan et sa province. Très peu de ces responsables publics dépassent le niveau de l’intérêt provincial.
Second problème : l’État congolais. Un seul homme dicte sa loi au reste de la République. Hier, le maréchal Mobutu, guide éclairé ; aujourd’hui, le raïs Joseph Kabila, père de la nation. Dans les deux cas, la parole du guide ou du raïs a force de loi. En 2011, Joseph Kabila a été fait roi par le pasteur Ngoy Mulunda, malgré les graves irrégularités qui ont entaché le scrutin.
Nous mettons en garde le gouvernement contre toute tentative d’assèchement financier de la Ceni pour alléguer, le moment venu, l’impossibilité d’organiser les élections nationales en 2016.
Afin de sortir de cette impasse et d’amorcer enfin un véritable processus de cohésion nationale, la signature d’un acte d’engagement entre toutes les parties sur la tenue des élections nationales avant le 19 décembre 2016, comme l’exige la loi, est indispensable. Nous mettons en garde le gouvernement contre toute tentative d’assèchement financier de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour alléguer, le moment venu, l’impossibilité d’organiser ce scrutin.
Il convient de remercier la communauté internationale, qui, par la bouche de Martin Kobler, le représentant du secrétaire général des Nations unies en RD Congo, s’est dite disposée à financer ces élections. Le gouvernement n’a donc pas d’autre choix que d’apporter son propre financement afin de ne pas être ridicule le moment venu.
Faut-il rappeler que la Constitution prévoit la tenue d’un scrutin présidentiel quatre-vingt-dix jours avant la fin du mandat du chef de l’État sortant ? Un vide du pouvoir est donc exclu. L’imbroglio institutionnel dans lequel nous nous débattons est dû à la suppression du second tour de l’élection présidentielle. La dernière révision constitutionnelle a donc porté un coup dur au bon fonctionnement de l’État. En l’absence d’élections provinciales et sénatoriales depuis 2006, le Sénat et les assemblées provinciales ont perdu toute légitimité.
Au sujet du calendrier électoral, la logique voudrait qu’il soit rapidement mis fin à ce désordre et que, au cours de l’année 2014, soient organisées des élections provinciales, d’où sortiront des assemblées électrices de sénateurs et de gouverneurs. Et qu’à partir de là soient planifiés les scrutins suivants – locaux, municipaux et urbains.
Les institutions ne valent que par l’usage que l’on en fait. Plus elles s’inscrivent dans la durée, plus elles sont acceptées de la population. Il faut donc éviter des révisions intempestives au gré des intérêts des gouvernants du moment. Le système de la représentation proportionnelle au plus fort reste est le mieux adapté à notre pays, mosaïque de quelque 453 tribus. Il assure la meilleure représentation de tous, notamment au sein de l’Assemblée nationale, et ne doit donc pas être changé.
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