Affaire Gayet-Hollande : pourquoi les Africains n’en font pas toute une histoire

ProfilAuteur_SeidikAbba

Publié le 27 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

François Hollande pourrait aisément trouver auprès de ses pairs africains solidarité et réconfort dans l’épreuve que constitue la révélation de sa relation cachée avec l’actrice Julie Gayet. Qu’il accomplisse un, deux, trois mandats ou reste plusieurs décennies à la tête de son pays, le chef d’État africain n’a pas à redouter le déballage de ses relations avec une maîtresse réelle ou supposée. Ni la presse, pourtant de plus en plus libre sur le continent, ni ses opposants les plus virulents ne s’aventurent jamais sur ce terrain-là. Dans une partie du continent, personne ne s’offusque que le président ait un premier, un deuxième, voire un troisième "bureau". La réalité du pouvoir se mesure à l’aune des conquêtes. Et les élues se félicitent en général d’être passées par le lit du chef, qui met à profit conférences, colloques ou meetings, selon une méthode éprouvée. La "cible" est repérée, en raison le plus souvent de sa poitrine conquérante ou de son derrière alléchant, puis le protocole entre en action : "Le chef veut te voir après…" Le chef peut donc "taper" tous azimuts. Mais les maîtresses doivent s’abstenir de tout pugilat de nature à mettre en danger l’ordre public.

>> Voir aussi Sondage : la vie privée des Chefs d’États devrait-elle être davantage transparente ?

la suite après cette publicité

Ailleurs sur le continent, on ne sait jamais rien des secrets agissements du "patron". Parfois, une exigence de droiture morale impose à ce dernier de renoncer à ses frasques nocturnes avant d’accéder aux plus hautes fonctions. Et si, par exception, il s’y adonne, ses "sujets" n’en parlent pas : c’est un tabou. Dans certains pays, il est admis que le chef prenne une deuxième, une troisième et même une quatrième épouse. Toutes légitimes. Il y a donc une première, une deuxième et une troisième première dame. Un vrai casse-tête pour le protocole. Surtout pour l’organisation des cérémonies officielles.

Une dernière raison explique que, en Afrique, les relations du chef avec les femmes ne suscitent aucun débat public : les premières dames n’ont pas de statut, ne disposent pas d’un bureau au Palais, ne figurent dans aucun organigramme officiel. Afin de ne plus vivre cachées et de se démarquer de leurs rivales, la plupart des épouses légitimes créent donc des fondations pour lutter contre le sida, le paludisme ou l’excision. Les mécènes se bousculent pour financer leurs initiatives, dont les médias publics se font largement l’écho. C’est toute la différence entre une première dame, une épouse légitime et une maîtresse. Car cette dernière, même en Afrique, continue de vivre cachée.

>> Lire aussi : Valérie et les Premières dames d’Afrique mobilisées contre les violences sexuelles

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires