Présidentielle algérienne : Benflis, de retour dix ans après…
En retrait depuis sa défaite, en 2004, Ali Benflis assure aujourd’hui ne nourrir aucune rancoeur. Et être confiant quant à ses chances de conquérir la présidence.
Algérie : le grand saut dans le vide
Il a longtemps réfléchi, un peu douté, parfois hésité, beaucoup consulté avant de prendre sa décision. Dix ans après sa cuisante défaite à l’élection présidentielle d’avril 2004 (il n’avait obtenu que 6,42 % des voix, contre 85 % pour Bouteflika), Ali Benflis, 69 ans, est à nouveau candidat.
Son programme électoral finalisé et son équipe nommée, le QG de campagne a été établi dans une villa sur les hauteurs de la capitale et les comités de soutien installés sur le territoire national ainsi qu’à l’étranger. L’ancien chef du gouvernement devait annoncer sa candidature le 19 janvier dans un grand hôtel d’Alger, une fois le corps électoral officiellement convoqué par le président sortant.
"Benflis n’animera pas de conférence de presse ce jour-là pour éviter que son annonce ne soit parasitée par les questions des journalistes, confie l’un de ses conseillers. Il s’exprimera devant la presse au moment voulu et s’expliquera même sur son silence depuis sa défaite de 2004." Son programme s’articule autour de cinq axes majeurs : indépendance de la justice, rééquilibrage des pouvoirs au profit de l’Assemblée nationale, décentralisation des centres de décisions, libéralisme économique et liberté de la presse.
Retiré de la scène politique depuis dix ans, Ali Benflis se dit confiant sur ses chances d’accéder à la magistrature suprême, même s’il craint une candidature de dernière minute d’Abdelaziz Bouteflika. Candidat indépendant, celui qui fut secrétaire général du FLN entre 2001 et 2004 n’en assure pas moins bénéficier de la base de l’ancien parti unique et espère rallier une grande majorité de ses ténors, plus que jamais divisés.
"Une des dernières chances de redresser le pays"
"Ali Benflis ne regarde pas dans le rétroviseur, ajoute l’un de ses collaborateurs. Il est persuadé que cette élection est l’une des dernières chances de redresser un pays miné par la corruption, le chômage, la déliquescence des structures de l’État, l’injustice et le clientélisme." S’il était élu, Benflis procéderait, dès le courant 2014, à la révision de la Constitution pour limiter à deux le nombre de mandats du président et redonner ses lettres de noblesse à la fonction de chef du gouvernement.
En privé, l’homme jure qu’il n’est nullement animé par un esprit de revanche à l’égard de ceux qui lui ont barré la route d’El-Mouradia il y a dix ans et qu’il s’interdira de mener une chasse aux sorcières contre les hommes du président.
Ils y pensent en se rasant tous les matins…
C’est une singularité algérienne. Depuis quinze ans, il est de tradition que les anciens chefs de gouvernement se portent candidats à l’élection présidentielle. À trois mois du scrutin, Ali Benflis et Ahmed Benbitour sont officiellement partants. Les autres outsiders attendent que Bouteflika renonce à un quatrième mandat pour s’exprimer librement. Comme Mouloud Hamrouche, qui revient sur le devant de la scène à chaque présidentielle. Premier ministre entre 1989 et 1991, il a fait une incursion dans la course en 1999 avant de se retirer à la dernière minute. Ses partisans affirment qu’il n’attend plus qu’un signe des militaires pour s’engager à nouveau. Lui garde le silence sur ses intentions.
Présenté comme proche de l’armée, Ahmed Ouyahia a quant à lui connu deux revers successifs entre septembre 2012 et janvier 2013 : il a été limogé de son poste de Premier ministre au profit d’Abdelmalek Sellal puis contraint de démissionner du Rassemblement national démocratique (RND), qu’il dirigeait depuis 1997. Depuis, il fait profil bas. Est-il tenté par la succession de Bouteflika ? S’il a toujours confié qu’il ne se présenterait jamais contre le président, ses partisans affirment qu’il se tient prêt "au cas où…". À l’instar d’Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem a connu une mauvaise fortune. Patron du FLN depuis 2004, il en a été destitué en janvier 2013 à la suite d’un mouvement de contestation qui a duré plus de deux ans. Réputé fidèle au président mais peu aimé de l’armée, cet islamo-conservateur a toujours répété qu’il ne briguerait pas un mandat présidentiel tant que Bouteflika serait candidat à sa propre succession.
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