Algérie : Saïd Bouteflika, dans l’ombre du frère

Discret conseiller lors de l’arrivée de son aîné au pouvoir, en 1999, Saïd Bouteflika est aujourd’hui omniprésent aux côtés de lui, même s’il préfère rester dans les coulisses.

Saïd Bouteflika lors des funérailles de la chanteuse Warda el-Jazaïria. © Farouk Batiche / AFP

Saïd Bouteflika lors des funérailles de la chanteuse Warda el-Jazaïria. © Farouk Batiche / AFP

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Publié le 27 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

Algérie : le grand saut dans le vide
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Algérie : le grand saut dans le vide

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La gestion de la communication autour de la santé du président Abdelaziz Bouteflika ? C’est lui. Le remaniement de l’équipe gouvernementale et le mouvement des walis (préfets) opéré en octobre dernier ? Ils portent son empreinte. L’intronisation à la tête du Front de libération nationale (FLN) d’Amar Saadani, musicien devenu président de l’Assemblée nationale de 2004 à 2007 ? C’est encore lui, Saïd Bouteflika, qui était à la manoeuvre. On lui prête même un rôle déterminant, mais peu probable, dans les révocations et les nominations au sein du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), ainsi que dans les changements intervenus en septembre 2013 au sein des puissants services secrets.

Chef d’État par procuration

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À 57 ans, le frère cadet du chef de l’État est officiellement conseiller à la présidence depuis l’élection d’Abdelaziz Bouteflika, en 1999. Cet homme à la silhouette frêle, aussi mystérieux que discret, est devenu omniprésent depuis l’ulcère hémorragique de 2005 et l’accident vasculaire cérébral d’avril 2013 de son frère aîné.

Son étroite proximité avec le président, la confiance absolue dont il bénéficie de sa part ainsi que les réseaux qu’il a tissés au cours des quinze dernières années ont permis à Saïd de renforcer son influence au palais d’El-Mouradia. Il agit aussi bien dans le gouvernement que dans l’armée et le milieu des affaires, au point qu’on le qualifie volontiers de "président-bis" ou de "chef d’État par procuration".

"Sa puissance n’est pas surestimée, analyse un homme du sérail. Il est tout de même parvenu à écarter, en septembre 2013, Dahou Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, parce que ce dernier avait refusé de cautionner le parachutage de Saadani à la tête du FLN et s’était montré réticent à l’égard d’une nouvelle candidature de Bouteflika."

Pas de candidat de rechange

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Dans l’ombre, Saïd s’affaire depuis six mois pour tenter d’assurer un quatrième mandat à son frère ou, du moins, pour placer un successeur. Pari difficile. L’espoir d’un rétablissement rapide du président et de son éventuelle candidature s’est évaporé au fil des mois. Résultat : à trois mois du scrutin, pas de candidat de rechange qui soit vraiment crédible.

Même la révision constitutionnelle, un temps évoquée pour créer un poste de vice-président sur lequel aurait pu s’appuyer Abdelaziz Bouteflika pour sa campagne, est désormais enterrée. La tentative de contrôle du FLN par Saïd, en plaçant un personnage aussi contesté que Saadani – soupçonné d’être lié à des scandales politico-financiers –, a viré au fiasco.

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>> À lire : selon Saadani, Bouteflika est "officiellement candidat"

De plus, en laissant à ce dernier la liberté de déclencher une guerre médiatique contre le DRS et le Premier ministre – dont les journaux font leurs choux gras depuis septembre 2013 -, Saïd Bouteflika a fini par se faire beaucoup d’ennemis. Mais pour cet homme pugnace et intelligent, la partie est loin d’être terminée.

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Photo officielle du gouvernement Sellal II, en septembre 2013. © Ho/Afp

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