Maroc – Russie : comment les oligarques de Poutine ont tenté de faire du business dans le royaume
Les hommes d’affaires russes, dont beaucoup sont liés au Kremlin, ont longtemps essayé de nouer des liens d’affaires au Maroc. Mais la plupart des accords n’ont jamais abouti, et la méfiance entre Rabat et Moscou est réciproque…
Mi-décembre 2012 à Marrakech. La Mamounia est en effervescence et ses abords sont bouclés par une armada d’agents de sécurité aux aguets. Le mythique palace dirige une opération placée sous le sceau du secret. Denys Courtier, directeur exécutif historique du prestigieux établissement, se contente d’évoquer « le mariage de la fille d’un milliardaire russe ». Or le milliardaire russe en question n’est autre que le président Vladimir Poutine.
Mariage marocain chez les Poutine
Si le mariage officiel aura lieu au pays quelques semaines plus tard, le tsar a choisi la ville ocre pour unir sa fille cadette Ekaterina à Kirill Shamalov, un richissime oligarque, fils de Nikolaï Shamalov, réputé pour sa proximité avec Poutine. Kirill deviendra même un conseiller économique du Kremlin, avant de divorcer d’Ekaterina en 2017 et de lui céder 40 % de sa fortune, soit 600 millions de dollars.
Ekaterina et son époux offrent alors à leurs invités une fête marocaine démesurée de trois jours, digne des Mille et une nuits. Au total, elle aurait coûté, avec la nuit de noces, plusieurs millions de dollars…
Depuis, aucun nouveau détail n’a fuité. Un article publié sur un site local de Marrakech, dans lequel l’artiste marocaine Noor racontait les coulisses, a même été supprimé. Quoi qu’il en soit, Poutine a lancé la mode du « mariage à Kech » auprès de l’oligarchie et de la jet-set russes. De quoi faire le bonheur des meilleurs wedding planners de la place, ravis de disposer de budgets illimités et de laisser libre court à leur folie des grandeurs.
Benalla et Haguenauer
Mais derrière le strass et les paillettes, Marrakech a aussi sa part d’ombre. En 2019, une enquête menée par la justice française, a mis au jour les liens sulfureux entre Alexandre Benalla et deux ressortissants russes proches du Kremlin, Iskander Makhmudov et Farkhad Akhmedov. Le premier officie dans les mines, les transports et l’énergie à travers un groupe sobrement nommé Kalachnikov. Le second opère dans les hydrocarbures et développe un goût très prononcé pour les œuvres d’art.
A l’époque, l’ex-Monsieur sécurité du président français est installé à Marrakech, avec l’ambition de faire des « affaires en Afrique ». Sur place, il reçoit au moins 360 000 euros (sur un contrat d’une valeur de 2 millions) de la part des deux oligarques, via sa société marocaine IntraConseil, pour assurer leur protection.
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