La France, dernier épouvantail à la mode
Les manifestations anti-françaises, devenues habituelles à Bamako, font désormais des émules à Ouagadougou et N’Djamena.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 26 mai 2022 Lecture : 2 minutes.
Comment la France de « papa Hollande », fendant la liesse tombouctienne en 2013, est-elle devenue la piñata sur laquelle les manifestants bamakois tapent aujourd’hui avec le plus d’entrain ? Certes, les clameurs des foules ne se confondent pas avec les opinions des peuples.
Certes encore, chaque contrée souveraine possède le droit de désirer de nouveaux partenariats, sans d’autres formes d’arguments, et il est vrai que le bilan des opérations militaires Serval et Barkhane ressemble à un verre à moitié vide ou à moitié plein – c’est selon. Certes enfin, la France n’était pas guidée dans son épopée malienne que par les seuls intérêts altruistes, Paris anticipant les risques terroristes en Europe, cédant pour le reste aux réflexes françafricains ou promouvant le réseau économique postcolonial ou néocolonial – c’est toujours selon. Pour autant, les calicots qui qualifient la France de « génocidaire » ont-ils été écrits par des gens convaincus que Paris a programmé l’extermination physique et systématique de tout le peuple malien ?
Contagion
L’irrationalité et le populisme étant chacun le catalyseur de l’autre, Barkhane et l’ambassadeur gaulois ont été appelés à faire leurs bagages, tandis que France 24 et RFI ont été bâillonnées, parfois présentées comme victimes équivalentes des russes RT France et Sputnik. À Gossi, les captations de caucasiens manipulant des corps, puis des faux comptes sur le Net, n’ont été publiquement évoquées par les autorités maliennes qu’en se focalisant sur le doigt qui montrait la lune. Le portrait-robot esquissé avant même que ne soit menée l’instruction, il devient superflu de citer « l’État occidental » qui aurait soutenu une « tentative de coup d’État ».
Et voici venue l’heure d’une contagion de manifestations qualifiées d’« anti-françaises », de Ouagadougou, le 27 mars, à N’Djamena, le 14 mai. « Anti-française » ? Les rhéteurs de cette révolution aux références d’extrême-gauche et aux méthodes d’extrême-droite insistent pour dire qu’ils ne sont pas anti-français, mais plutôt critiques d’une certaine politique d’un certain régime d’une certaine France. Nuance utile pour certains pour conserver un passeport français, pour d’autres pour ne pas être privé de « Vache qui rit », ou encore pour rallier à sa croisade nationaliste internationalisée un prolétariat présumé vêtu de gilets jaunes.
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