Une valeur sûre ? La culture !
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Nicolas Michel
Romancier et journaliste, il est responsable des pages consacrées à la culture et auteur d’une dizaine de romans et albums illustrés.
Publié le 27 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.
Quand ils entendent le mot culture, la plupart des dirigeants préfèrent faire l’autruche plutôt que de sortir leur précieux chéquier. Et pourquoi donc s’en aller donner de l’argent, chose sérieuse s’il en est, à des saltimbanques rêveurs qui ne produisent rien de concret et peuvent bien se nourrir d’amour et d’eau fraîche dans le monde désintéressé de l’art pour l’art ? Les idées reçues servant souvent à colmater les brèches de l’ignorance sans que personne n’y trouve à redire, l’espoir est mince que le rapport conjoint rédigé par l’inspection générale des finances et celle des affaires culturelles, en France, permette une révolution dans les palais d’Afrique ou d’ailleurs. Mais comme les chiffres parlent à ceux qui comptent et recomptent leurs gains à longueur de journée, mentionnons tout de même quelques informations trébuchantes tirées dudit rapport intitulé "L’apport de la culture à l’économie en France".
Il est vrai que le secteur culturel coûte cher à l’État. En gros, plus de 13 milliards d’euros par an, auxquels il faut ajouter plus de 7 milliards d’euros consentis par les collectivités territoriales. Un terrifiant gouffre financier, n’est-ce pas ? Mais non ! "Les activités culturelles ainsi définies représentent en 2011 une valeur ajoutée de 57,8 milliards d’euros, soit 3,2 % de la somme des valeurs ajoutées de l’économie française, ce chiffre représentant l’évaluation la plus proche de ce que l’on pourrait appeler le "PIB culturel"." Bien sûr, il est possible de gloser sur la méthode, d’ergoter sur ce qui entre ou n’entre pas dans le vaste domaine du "culturel", mais le chiffre de 57,8 milliards d’euros c’est l’équivalent en France du secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire (60,4 milliards), deux fois les télécommunications (25,5 milliards) et sept fois l’industrie automobile (8,6 milliards). Ajoutons pour en finir avec les chiffres que "le secteur à forte valeur ajoutée de la culture" emploie rien de moins que 670 000 personnes et qu’il existe "une corrélation positive entre les initiatives culturelles et le développement local".
Certains pays ont compris tout ce qu’ils avaient à y gagner en termes de revenus directs comme en termes d’image. Jeter un oeil du côté des Émirats, où l’on patauge dans le pétrole et où l’on construit des musées, permet de s’en convaincre. En Afrique, les exemples sont plus rares, mais ils existent. Ainsi, s’il évaluait les retombées de ses festivals et de sa politique en faveur du cinéma, le Maroc ne regretterait sans doute pas ses investissements. Quant aux autres, ils feraient bien de sortir la tête du sable.
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