Lula Ali Ismaïl, la First Lady du cinéma djiboutien

Lula Ali Ismaïl tournera en octobre le premier long-métrage djiboutien, Dhalinyaro, qui évoque le quotidien et les espoirs des jeunes filles de son pays.

Lula Ali Ismaïl navigue depuis quatre ans entre Paris, Montréal et le continent. © DR

Lula Ali Ismaïl navigue depuis quatre ans entre Paris, Montréal et le continent. © DR

Clarisse

Publié le 24 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Elle a décidé de donner vie à la fiction dans son pays d’origine. Après Laan, le premier court-métrage jamais réalisé par un cinéaste djiboutien, Lula Ali Ismaïl – aujourd’hui installée au Canada – offrira cette année à sa terre natale son premier long-métrage, Dhalinyaro, une coproduction – de 800 000 euros – canadienne, française, djiboutienne (160 000 euros) et sénégalaise, en partenariat avec l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Début du tournage : octobre 2014, sur sept semaines, entièrement à Djibouti. Un défi ? Elle le concède, mais surtout une lourde responsabilité, qui ne l’effraie pas pour autant. Actuellement en repérage à Djibouti, la trentenaire, qui navigue depuis quatre ans entre Paris, Montréal et le continent, dit s’appuyer sur des partenaires expérimentés, comme le Français Gilles Sandoz, producteur indépendant. Elle se félicite également du soutien gouvernemental, dans un pays ne disposant ni de salle ni d’organisme consacré au septième art. "Il y a une réelle volonté politique de faire renaître ce cinéma, assure cette benjamine d’une fratrie de huit. C’est exaltant !"

Exaltée, Lula Ali Ismaïl l’est sans doute depuis plus longtemps. Quand elle arrive à Montréal au début des années 1990 pour ses études de bureautique, l’adolescente traîne avec elle une vieille amie bien envahissante : la timidité. Pour s’en défaire, dans les années 2000, elle s’inscrit à un cours de théâtre, se pique au jeu, y reste deux ans. Puis elle essaie, "sans conviction", dit-elle, de percer en tant que comédienne. On ne lui proposera que "des rôles d’ombre furtive dans des séries télévisées québécoises", s’amuse-t-elle aujourd’hui. Une voie sans issue. Heureusement, elle peut compter sur son travail d’assistante dans un cabinet d’avocats montréalais. Au bout de sept ans, le déclic. "J’avais alors une alternative : soit dire adieu au cinéma en changeant d’orientation, soit me créer un rôle sur mesure en devenant moi-même cinéaste." Lula choisit la seconde option.

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Illustrer la transition entre adolescence et âge adulte

En 2011, pour sa première réalisation, Laan, un vingt-six minutes lui aussi entièrement tourné à Djibouti, Lula Ali Ismaïl est à la fois derrière et devant la caméra. Dans ce film qui décrit le quotidien de trois amies dans une société accro au khat, elle campe une femme de son époque, indépendante, en quête de l’âme soeur. Diffusé sur TV5 Monde et à la télévision nationale, Laan est salué par la critique et sélectionné par de nombreux festivals.

Lula Ali Ismaïl dit avoir eu l’idée de son long-métrage lors de l’avant-première de Laan, à l’institut Arthur-Rimbaud, à la vue de la jeunesse réunie ce soir-là. Coécrit avec Alexandra Ramniceanu et Marc Wels, Dhalinyaro retrace les tribulations de trois lycéennes de 18 ans à la croisée des chemins. De classes sociales différentes, enracinées dans leur culture mais aussi tournées vers l’extérieur grâce aux nouvelles technologies, elles franchissent, chacune à sa manière, la délicate transition de l’adolescence à l’âge adulte. Le féminin est très présent dans l’oeuvre de Lula Ali Ismail, "par hasard", confie-t-elle. Comme la première fois, outre la difficulté de réunir les financements, la cinéaste affronte celle de trouver des acteurs. Pour son casting, elle a passé des communiqués à la radio et s’est astreinte, avoue-t-elle, à un "casting sauvage" devant les lycées. Mais, ce n’est pas, dit cette grande admiratrice de Sembène Ousmane, d’Andreï Tarkovski et d’Alain Gomis, ce qui l’empêchera de faire de Djibouti le personnage majeur de ses oeuvres.

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