Brésil : Inch’Allah !
Qui le sait ? Aux côtés des catholiques et des évangélistes, une communauté musulmane est présente dans le pays depuis le XVIe siècle. Elle compte plusieurs centaines de milliers de fidèles.
Le Brésil reste le pays le plus catholique du monde. On sait que les Églises évangéliques y sont en pleine expansion, mais on ne soupçonne généralement pas l’existence d’une communauté musulmane ancienne. Un livre, Musulmans au Brésil, publié (en portugais, en espagnol et en arabe) par l’Institut d’études hispano-lusophones de l’université Mohammed-V-Agdal, à Rabat, apporte sur ce point d’intéressantes précisions.
Ses auteurs évaluent le nombre des fidèles de l’islam entre 100 000 et 300 000. Il s’agit d’une moyenne entre le chiffre du recensement de 2010 (35 167 fidèles) et l’estimation des autorités religieuses (entre 1 million et 2 millions). Quoi qu’il en soit, "l’islam est présent au Brésil depuis le XVIe siècle", explique Fatiha Benlabbah, directrice de l’Institut et coordonnatrice de l’ouvrage. Bien sûr, les conquistadors espagnols du Nouveau Monde avaient transmis aux colonisés l’héritage culturel et historique d’Al-Andalus, mais l’islam n’arrive véritablement en Amérique latine qu’avec les esclaves noirs venus d’Afrique : 15 % d’entre eux étaient musulmans et étaient surnommés les malês. Ils étaient semble-t-il les seuls à savoir lire et écrire, vivaient séparés des autres esclaves et furent les instigateurs des révoltes les plus importantes.
Il faut attendre le XIXe siècle pour que l’islam se développe pour de bon avec l’arrivée en masse de migrants syriens, palestiniens et libanais. La plupart des fidèles sont aujourd’hui de lointaine origine moyen-orientale. Nés au Brésil, ils ont tendance à renouer avec les pratiques religieuses de leurs ancêtres, comme en témoigne, dans la ville touristique de Florianópolis par exemple, le nombre des femmes portant le voile.
Les convertis embrassent la foi musulmane au terme d’un cheminement intellectuel
Les autres musulmans sont d’origine africaine. Leurs ancêtres venaient pour la plupart du Soudan, du Sénégal, d’Égypte, du Nigeria ou du Maroc. Certains sont arrivés récemment par le biais d’échanges universitaires, d’autres ont fui une guerre civile ou un conflit ethnique – ils sont considérés comme les plus fervents.
Il y a enfin les convertis. Dotés d’un bagage universitaire, ils sont souvent passés par les Églises pentecôtistes et les croyances afro-brésiliennes, et embrassent la foi musulmane au terme d’un long cheminement intellectuel. Leur nombre reste toutefois limité, même s’il n’existe pas d’étude approfondie sur le sujet.
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