Guerre d’Algérie : les aveux d’outre-tombe du général Aussaresses
Maurice Audin a bien été victime d’une exécution sommaire pendant la guerre d’Algérie. Avec l’aval des plus hautes autorités françaises. C’est en tout cas la thèse d’un livre qui s’appuie sur le témoignage du général Aussaresses.
Même après sa mort, le 3 décembre dernier, le général Aussaresses, grand ordonnateur de la torture pendant la "bataille d’Alger", en 1957, réussit encore à faire parler de lui. Car l’homme, qui s’est vanté dans ses mémoires d’avoir organisé l’exécution de Larbi Ben M’Hidi, chef "historique" du FLN, s’était confié à Jean-Charles Deniau ces dernières années. Dans La Vérité sur la mort de Maurice Audin, paru le 7 janvier aux Éditions des Équateurs, le journaliste révèle les confidences du tortionnaire sur la disparition, en 1957, à Alger, du jeune mathématicien communiste favorable aux indépendantistes. Une affaire qui fit beaucoup de bruit et qui n’a jamais été totalement élucidée.
Certes, l’essentiel était connu. Arrêté et torturé une dizaine de jours par les parachutistes du général Massu, Audin aurait profité, selon la version officielle, d’un transfert en Jeep le 21 juin au soir pour s’évader. Mais pour tous ceux qui ont enquêté, il a été assassiné. Sans doute juste avant ou au cours de cette pseudo-évasion.
Alors pourquoi un tel émoi aujourd’hui ? D’abord – et ce n’est pas rien -, les révélations confirment la thèse de l’exécution sommaire. Aussaresses a fini par avouer, devant un magnétophone et cinquante-six ans après les faits, avoir lui-même organisé la mise à mort. L’un de ses adjoints, un lieutenant, a poignardé Audin à une vingtaine de kilomètres d’Alger. Puis le corps a été enterré dans une fosse où gisent de nombreux autres suppliciés. Mais le général affirme aussi que c’est Massu lui-même qui en a donné l’ordre, en accord avec les autorités politiques, en Algérie comme à Paris, pour "faire un exemple".
"La dernière énigme de la guerre d’Algérie"
Reste que ce que Deniau présente comme "la solution" de "la dernière énigme de la guerre d’Algérie", bien que corroborée pour l’essentiel par un autre témoignage, repose avant tout sur la parole du militaire, pour le moins sujette à caution. Il n’y a toujours ni preuve incontestable ni aveu de l’officier, toujours en vie, qui a exécuté Audin. Mais comme le modus operandi ressemble à celui qui a coûté la vie à tant de combattants algériens "traités" par les paras, le récit est plus que crédible. Et accablant, une fois de plus, pour le pouvoir français, aussi bien militaire que politique, de l’époque.
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