Shinzo Abe mène la reconquête japonaise en Afrique
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe se rend en Afrique du 9 au 12 janvier. Accompagné de 34 patrons des plus grands groupes japonais, le chef du gouvernement nippon veut redresser le niveau des échanges commerciaux avec le continent, alors que la compétition fait rage avec la Chine.
Le Japon, jadis très présent en Afrique, est devenu bien discret, notamment sur le plan économique. La visite qu’y mènera le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, au Mozambique, en Côte d’Ivoire, puis à Addis-Abeba, du 9 au 12 janvier, doit inverser la tendance.
Reconquête économique
Cela faisait huit ans qu’un Premier ministre japonais n’avait pas foulé le sol africain. Shinzo Abe est particulièrement attendu à Abidjan : « Ce sera la première visite dans un pays d’Afrique subsaharienne francophone », indique le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie.
L’objectif du voyage de Shinzo Abe en Afrique est avant tout économique : le Premier ministre japonais s’est fixé comme but de redresser la part du continent dans échanges commerciaux du Japon. Celle-ci est tombée à seulement 1,8% en 2012.
La Côte d’Ivoire, porte ouverte vers le reste de l’Afrique francophone, était un passage obligé
« Nos entreprises ont été très présentes en Afrique jusque dans les années 1980, quand notre industrie était compétitive sur les coûts. Mais nous avons depuis perdu beaucoup de terrain, notamment face aux Chinois, qui ont pris le segment du bas de gamme », relevait Masafumi Sugano, directeur Afrique au Ministère de l’économie (METI), interrogé en février 2013 par Jeune Afrique.
« Le Japon reste actif en Afrique, mais principalement via ses programmes d’aide », regrettait-il.
Compétition accrue avec la Chine
La visite de Shinzo Abe intervient dans le contexte d’une compétition accrue avec la Chine, alors même que Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères de « l’empire du Milieu » a entamé le 6 janvier une visite africaine à dominante économique qui le mènera en Ethiopie, à Djibouti, au Ghana et au Sénégal.
Dans la foulée de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisé à Tokyo du 1er au 3 juin 2013, le gouvernement japonais a poussé les grands groupes privés du pays à nouer ou renouer leurs liens avec l’Afrique.
Shinzo Abe sera accompagné de 34 patrons qui ont suivi ces recommandations. « La délégation pour ce voyage africain est composée principalement de directeurs généraux et de présidents des plus grands groupes du pays » confie un haut fonctionnaire à Tokyo.
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« Parmi eux, poursuit-il, les dirigeants des maisons de négoces Toyota Tsusho corporation [TTC, actionnaire majoritaire du distributeur CFAO, très présent en zone francophone, NDLR] et Marubeni, des conglomérats industriels et de BTP Yamaha, Mitsubishi et Mitsui, et de l’électronicien NEC. Les patrons des groupes miniers Nippon Steel et de la société de forage JDC seront aussi présents. »
Portes d’entrée
D’après le ministère de l’Économie, les trois pays qui accueilleront Shinzo Abe et sa délégation économique ont été choisis avec soin : « Situés dans trois régions différentes, notamment sur le plan linguistique, ce sont des locomotives économiques de leurs zones. Ils mènent tous trois des grands projets d’infrastructures dans lesquels nos groupes japonais ont toute leur place. La Côte d’Ivoire était un passage obligé, porte ouverte vers le reste de l’Afrique Francophone. Au Mozambique, nous voulons participer aux projets gaziers et miniers, en plein développement. Et l’Éthiopie, pays à l’économie dynamique, est aussi le siège de l’Union africaine, que le Premier ministre visitera lors de son passage », explique-t-on à Tokyo.
Ces trois pays clefs sont aussi ceux où le Japon a perdu le plus de terrain, à la différence de l’Égypte, de l’Algérie, du Kenya et de l’Afrique du Sud, où le pays a conservé une empreinte économique importante. Plusieurs accords de financement devraient être signés à l’occasion de cette visite du Premier ministre japonais, notamment la conclusion d’un prêt de 577 millions de dollars en faveur du Mozambique.
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