Égypte : Mohamed Salah, footballeur au grand cœur

S’il est mondialement connu pour ses performances avec son club de Liverpool, le futur finaliste de la Ligue des champions est aussi un homme qui vient régulièrement en aide à ses compatriotes. En évitant soigneusement les tentatives de récupération politique.

Mohamed Salah après la victoire face au Congo (2-1), le 8 octobre 2017, à Alexandrie, scellant la qualification de l’Égypte pour le Mondial 2018. Egypt’s Mohamed Salah celebrates after winning the 2018 FIFA World Cup qualification match between Egypt and Congo at the Borg El-Arab Stadium in Alexandria, Egypt, Oct. 8, 2017. Egypt won 2-1 and qualified to the World Cup finals. © Amr Sayed/Apaimages/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 24 mai 2022 Lecture : 4 minutes.

Il y a les informations que les médias rendent publiques, et tout ce qui tombe sous le sceau de la confidentialité. Mohamed Salah, 29 ans, meilleur buteur et passeur de la Premier League (23 buts et 13 passes décisives), collectionne les titres. Avec les Reds, l’Égyptien a terminé cette saison à la deuxième place de la Premier League derrière Manchester City, remporté la Coupe d’Angleterre et la Coupe de la Ligue, et espère gagner le 28 mai face au Real Madrid sa seconde Ligue des champions après celle de 2019.

Salah, dont la valeur marchande est estimée à 100 millions d’euros et dont le salaire mensuel devrait passer à 2 360 000 euros la saison prochaine (hors primes), ne fait pas uniquement le bonheur du fisc anglais. Le capitaine des Pharaons égyptiens a pris l’habitude depuis qu’il joue en Europe de consacrer une partie de ses revenus à l’amélioration du quotidien de milliers de ses compatriotes, lesquels doivent souvent se débrouiller avec moins de 40 euros par mois pour survivre.

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Allocations mensuelles, station d’épuration, crèche….

Salah, né à Nagrig, une petite commune située dans le gouvernorat de Gharbeya, dans le nord du pays, vient d’une famille modeste. Son père occupait un poste administratif dans un hôpital et sa mère, femme au foyer, a élevé ses trois enfants. Devenu multimillionnaire et très populaire, l’attaquant n’a pas tourné le dos à ses racines. Au contraire. En 2017, il a fondé Nagrig Charity Association, une fondation destinée à aider son village natal.

Il a ainsi financé la construction du stade de la commune, un acte loin d’être anodin, puisque le football est le sport le plus populaire d’Égypte. Salah, qui a étendu son action à la ville voisine de Basyoun, a également décidé de verser, depuis le mois d’avril 2018, une allocation mensuelle à 450 familles pauvres de la région, sans rendre publique le montant de cette aide. Il a également financé la construction d’un dispensaire et d’une école de filles à Nagrig, et la création d’une crèche à Basyoun.

Défenseur de la cause animale

Très actif sur le plan social, car conscient du dénuement dans lequel vivent des millions de ses compatriotes, il a aussi multiplié ces dernières années les actions dans le domaine de la santé. Ainsi, en janvier 2021, après qu’au moins six personnes hospitalisées à l’hôpital de Nagrig ont été emportées par le Covid-19 à cause d’une pénurie de bouteilles d’oxygène, Salah avait équipé l’établissement d’assez de réserves pour faire face aux besoins.

Il avait auparavant financé, toujours à Nagrig, un poste d’ambulances et un centre de lutte contre le cancer. Il a également racheté des terrains pour un montant de 430 000 euros, avant de les céder au gouvernorat afin que soit construite une station d’épuration pour le traitement des eaux usées.

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On sait également qu’il a offert 235 000 euros au fonds géré par l’État et appelé Tahya Masr (Longue vie à l’Égypte), afin de financer divers projets de développement, versé  30 000 euros pour aider d’anciens footballeurs dans le besoin et fait des dons à des associations venant en aide aux animaux.

Et quand il ne sort pas son carnet de chèque, Salah, dont le père, Ghaly, gère les multiples actions caritatives, prête son nom pour faire avancer certaines causes. Il avait ainsi mis aux enchères le maillot porté le 24 octobre dernier face à Manchester United, en promettant de reverser tous les bénéfices à des associations défendant la cause animale.

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Mohamed Salah, alors qu’il était âgé d’une dizaine d’années et s’entraînait à Basyoun, avait en effet pris l’habitude d’apporter presque tous les jours de la nourriture pour les chiens errants qui avaient élu domicile sous les gradins du stade.

Il a également participé à une campagne de lutte contre la toxicomanie. L’effet Salah ne s’était pas fait attendre, puisque son intervention a été visionnée à plusieurs millions de reprises sur les réseaux sociaux, alors que le ministère de la Solidarité sociale enregistrait une hausse des appels de près de 400 %.

Et celui qui a été choisi en février 2020 par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour devenir le Premier ambassadeur de l’Instant Network Schools, une structure chargée d’aider les jeunes migrants en leur fournissant du matériel éducatif, a atteint un niveau de popularité très élevé dans son pays.

Un million d’électeurs en 2018

Lors de la dernière élection présidentielle, en mars 2018, près d’un million d’électeurs ont glissé un bulletin de vote à son nom, un geste perçu sur les bords du Nil comme un désaveu cinglant de la classe politique.

Le président Sissi ne manque pas une occasion de dire à quel point les performances de l’attaquant sont un motif de fierté pour l’Égypte, sans trop s’étendre sur l’ombre que lui fait ce dernier dans le pays.

Mais Salah a toujours soigneusement gardé ses distances avec le pouvoir et ne parle jamais de politique. En Égypte, comme dans beaucoup d’autres pays, la récupération des grands athlètes est – aussi – un sport national…

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