Pour Grace Mbizi, on ne peut pas être star et noire

En déclarant « Je suis une star, je ne peux pas être noire », l’artiste et influenceuse congolaise Grace Mbizi relance un débat sur le blanchiment de la peau qu’on espérait soldé.

 © Damien Glez

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Publié le 24 mai 2022 Lecture : 2 minutes.

Il est des sujets polémiques qui ont été tellement traités sur le plan médiatique qu’ils paraissent réglés ou bien qu’une avalanche de critiques a ensevelis sous un manteau de silence. Tout n’a-t-il pas été dit sur les effets du blanchiment de la peau, de la dévalorisation culturelle d’un patrimoine épidermique aux dangers sanitaires du mercure, des corticoïdes ou de l’hydroquinone présents dans certains cosmétiques éclaircissants ? À défaut de voir cette pratique éradiquée, les pourfendeurs du « tchatcho » (la dépigmentation) espéraient que la promotion publique du diktat du teint clair serait devenue chose honteuse.

C’était compter sans la star Grace Mbizi, autoproclamée « laSexy ». Invitée, à la mi-mai, à l’émission « Au jour d’aujourd’hui », de Sam Zirah, l’influenceuse était interrogée sur la visibilité qu’elle accorde, dans ses vidéos, à des gammes de produits éclaircissants. En n’ayant réponse à rien, Grace Mbizi pense avoir réponse à tout.

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À une intervieweuse sénégalaise au teint d’ébène, elle indique : « J’aime ta couleur de peau sur toi… pas sur moi ». À la question : « Tu sais qu’on peut avoir le cancer avec ce genre de produits ? », elle répond « Je ne sais pas ». Quand on lui fait observer que, dans ses vidéos de promotion en France, elle fait la promotion de produits qui y sont prohibés, elle répond par un sourire. Lorsqu’on cite le nom de la Franco-Malienne Aya Nakamura, star au teint sombre dont les clips font en moyenne 2 000 fois plus de vues que les siens, la Brazzavilloise pique un fou-rire nerveux. Quand apparaît la photo de l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o, Grace Mbizi finit par soupirer… Et enfile, comme des perles, des poncifs plus dérangeants les uns que les autres.

« Tchatcho » et hypocrisie

La soumission antiféministe : « Les garçons de notre pays ne veulent pas les femmes noires ». La fatalisme : « D’un côté, le blanchiment, c’est mauvais », mais « la majorité des Africaines aiment être claires ». L’entretien de complexes chez les plus jeunes – elle va jusqu’à qualifier sa propre fille de « bébé clair ». Et, pour couronner le tout, la morgue de la vedette : « Je suis une star, je ne peux pas être noire »…

Comme il fallait s’y attendre, les utilisateurs des réseaux sociaux se sont insurgés contre la légèreté coupable de l’influenceuse. Certains voient, tout de même, dans cette prestation caricaturale, une saine mise au jour de l’hypocrisie ambiante. Nul n’ignore que la « promo » du « tchatcho » avait tout autant quitté les discours que squatté les étagères des salles de bains, pour usage féminin et masculin d’ailleurs.

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