Afrique du Sud : quand le sentiment anti-français se propage hors du pré carré
Comme une métastase au-delà des anciennes colonies françaises, des centaines de manifestants sud-africains ont exigé le départ d’une France « impérialiste post-coloniale » du continent africain.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 28 mai 2022 Lecture : 2 minutes.
Dans une Afrique du Sud percluse d’inondations récurrentes, d’actes racistes anachroniques et de révélations sur des faits de corruption, les manigances présumées de l’État français en Afrique ne semblaient pas devoir monopoliser les manifestants, contrairement aux citoyens francophones du continent.
Après des manifestations contre la présence militaire française à Bamako, Ouagadougou, N’Djamena, puis une tentative avortée de « marche pacifique » à partir de la base militaire française de Libreville, c’est Pretoria qui a résonné de slogans comme « La France hors d’Afrique », « Richesse de la France sur le dos des Africains », « Réparations pour les crimes coloniaux » ou certains libellés plus fleuris comme « Va te faire foutre la France, va te faire foutre » depuis une scène aménagée sur un camion ouvert…
Malema en première ligne
C’est ce mercredi 25 mai que quelques centaines de Sud-Africains ont battu le pavé contre le présumé « impérialisme post-colonial » de ce pays européen à bouter hors du continent, dont les États « ne peuvent pas respirer » à cause des « sales petits doigts français encore profondément enfoncés dans ses anciennes colonies ». À un porte-parole des manifestants affirmant que « les pays africains doivent être considérés comme des partenaires et pas seulement comme des fournisseurs de matières premières », l’ambassadeur de France Aurélien Lechevallier a affirmé : « Nous sommes les amis des nations africaines ».
« Anciennes colonies françaises » : la formulation des manifestants inscrit le rassemblement sud-africain dans une démarche de solidarité avec les militants nationalistes d’une zone longtemps qualifiée de pré carré de Paris. Le positionnement malien actuel se veut tout autant souverainiste que panafricaniste. Il ne pouvait manquer de résonner dans l’esprit d’activistes toujours en quête de happenings anti-occidentaux. Or, le leader des Combattants pour la liberté économique (EFF) qui cernaient l’ambassade de France à Pretoria est le roi des punchlines populistes, Julius Malema. L’ancien fils prodigue de l’ANC n’hésite jamais à lancer ses Bérets rouges de la gauche radicale à l’assaut de la sujétion économique forcée des Noirs.
Sans doute d’abord préoccupé par des enjeux purement sud-africains peu teintés de coloris français, l’autoproclamé « commandant en chef » tente, tout de même, de se donner une dimension continentale. Il surfe donc sur cette vague désormais internationaliste qui n’hésite pas à évoquer des crimes de sang – « Vous avez tué beaucoup de gens en Afrique », lançait Malema, ce mercredi –, à racialiser le propos – contre la « suprématie blanche française » – ou à glorifier l’anti-occidentalisme poutinien. Après l’invasion en Ukraine, Julius Malema apportait un soutien appuyé à la Russie…
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