Elle enfle, enfle, la Coupe du monde

Michel Platini souhaite porter de 32 à 40 le nombre des équipes finalistes de la Coupe du monde de football. Jérôme Champagne, son possible adversaire pour la présidence de la Fifa en 2015, est contre. Il s’en explique.

Rio de Janeiro, le 3 décembre. Présentation de Brazuca, le ballon du Mondial 2014. © CELSO PUPO/FOTOARENA/SIPA

Rio de Janeiro, le 3 décembre. Présentation de Brazuca, le ballon du Mondial 2014. © CELSO PUPO/FOTOARENA/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 30 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

L’ancien meilleur joueur du monde voit grand. Après avoir fait passer de seize à vingt-quatre le nombre des équipes qui participeront à la phase finale de l’Euro 2016, en France, Michel Platini défend désormais l’idée d’une Coupe du monde regroupant, à partir de 2018, quarante sélections nationales – au lieu de trente-deux actuellement. Dans une interview accordée le 28 octobre au quotidien britannique The Times, le président de l’UEFA esquisse en effet les contours de ce que pourrait être un Mondial grand format.

"Le football est en train de changer. Nous avons 209 associations, alors pourquoi limiter ? Je suis totalement d’accord avec Sepp Blatter, nous avons besoin de plus d’équipes africaines et asiatiques. Mais plutôt que de diminuer le nombre des équipes européennes [comme le propose le président de la Fifa], nous devrions porter le nombre des finalistes à quarante. Cela permettrait de faire participer huit équipes supplémentaires : deux africaines, deux asiatiques, deux américaines, une océanienne et une européenne. Nous pourrions ainsi constituer huit groupes de cinq équipes. Selon nos études, cela n’ajouterait que trois jours de compétition."

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"Course au gigantisme"

L’idée émise par le patron du football européen n’a pas tardé à faire réagir. Jérôme Champagne, un ex-proche collaborateur de Blatter, n’y est par exemple pas du tout favorable. "Pourquoi cette course au gigantisme ? Je suis pour en rester à trente-deux équipes, parce que le calendrier international est déjà saturé. Qui ne voit que le format des compétitions enfle chaque fois que l’on fait de la politique au détriment de l’intérêt du football ? Je suis d’accord avec Blatter et Platini quand ils disent qu’il n’y a pas assez de sélections africaines. Cinq, ce n’est pas assez. Mais plutôt que d’augmenter le nombre des participants, ne vaudrait-il pas mieux procéder à un rééquilibrage ? Est-il normal que deux continents, l’Europe et l’Amérique du Sud, monopolisent à eux seuls plus de la moitié des places de finalistes ? En outre, une compétition à quarante ne durerait pas trois jours de plus, comme le soutient Platini, mais au moins une semaine. On passerait de 64 matchs aujourd’hui à 96. Trente-deux matchs de plus, c’est énorme ! Et ça aurait de sérieuses incidences en termes de coût d’organisation."

Revoir le système de qualification

En 1954, en Suisse, la phase finale de la Coupe du monde réunissait seize équipes. "Quand, en 1982, en Espagne, on est passé à vingt-quatre équipes, il a fallu revoir le système de qualification des équipes pour la seconde phase. La formule retenue était si compliquée qu’il a fallu la modifier dès 1986 (les deux meilleurs troisièmes des phases de poule étaient qualifiés pour les huitièmes de finale). Le passage à trente-deux équipes, en 1998, a permis de mettre en place un système clair et lisible : les deux premiers de chacun des huit groupes qualifiés pour les huitièmes. Voilà pourquoi j’estime qu’une augmentation du nombre des participants serait une fausse bonne idée."

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Ancien diplomate, Jérôme Champagne, qui n’a pas renoncé à briguer la présidence de la Fifa en 2015, établit un parallèle entre la sous-représentation de certains continents en phase finale et le nombre des membres asiatiques et africains au comité exécutif, le gouvernement de la Fifa. "Il n’y a que quatre Africains et quatre Asiatiques, c’est à ce déséquilibre-là qu’il faut d’abord remédier. En gros, c’est le même débat que pour le Conseil de sécurité des Nations unies. Les institutions internationales doivent représenter le monde tel qu’il est aujourd’hui et non plus celui de 1945. Même la Fifa doit s’adapter au XXIe siècle !"

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