Cameroun : la sénatrice RDPC Regina Mundi libérée après un mois de captivité

Une opération de l’armée camerounaise a permis la libération de l’élue, dans la soirée du 30 mai, ainsi que celle de plusieurs autres otages dont l’identité n’a pas été précisée. Membre du parti de Paul Biya, elle avait été enlevée le 30 avril à Bamenda.

La sénatrice camerounaise Regina Mundi (RDPC). © DR.

Publié le 31 mai 2022 Lecture : 3 minutes.

Enlevée il y a un mois à Bamenda, dans la province du Nord-Ouest, la sénatrice Regina Mundi, 79 ans, a été libérée à la suite d’une opération militaire, ont fait savoir les autorités camerounaises dans un communiqué publié ce 31 mai.

« Une dizaine de terroristes neutralisés »

L’armée affirme avoir mené une opération contre « un refuge terroriste » dans la soirée du 30 mai à Ashong, dans cette même province du Nord-Ouest. « Plusieurs otages ont été libérés, dont la sénatrice », assure le communiqué, qui précise qu’un « détachement militaire tentait une approche du repaire quand des terroristes lourdement armés ont ouvert un feu nourri […], tandis que leurs camarades tentaient de s’échapper avec les otages ». « Une dizaine de terroristes ont été neutralisés », selon la terminologie des autorités pour évoquer des militants indépendantistes qui ont été tués. Rien n’a en revanche filtré sur le nombre ou l’identité des autres otages « libérés ».

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Membre du bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), Regina Mundi et son chauffeur avaient été kidnappés le 30 avril par des rebelles qui réclament l’indépendance des provinces anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Son enlèvement avait été revendiqué par les Ambazonian Defence Forces (ADF), qui exigeaient, en échange de sa libération, le ralliement de tous les dignitaires anglophones ainsi que la libération de 75 personnes incarcérées dans différentes prisons du pays. Ils menaçaient également d’exécuter la parlementaire s’ils n’obtenaient pas gain de cause. Aussitôt après, Regina Mundi était apparue sur une vidéo postée sur les réseaux sociaux, dans laquelle elle lisait, manifestement sous la contrainte, un texte en anglais réclamant l’indépendance, devant les drapeaux des ADF et de la « République d’Ambazonie », autoproclamée le 1er octobre 2017.

Business des enlèvements

Proches du pouvoir ou de l’opposition, voire membres de la société civile, de nombreuses personnalités ont été enlevées par les groupes armés alors qu’elles séjournaient dans les provinces anglophones. John Fru Ndi, patron historique du Social Democratic Front (SDF), a été enlevé à deux reprises, en avril et en juin 2019. En novembre 2020, quelques mois avant son décès, le cardinal Christian Tumi avait été retenu pendant deux jours par des hommes armés, avant d’être remis en liberté.

Des personnalités moins en vue ont également été enlevées puis libérées, parfois contre rançon – notamment des fonctionnaires et des enseignants. Accusés de « collaborer » avec Yaoundé, certains captifs ont toutefois été tués. En janvier dernier, le corps d’un sénateur de l’opposition, l’avocat Henry Kemende, avait été retrouvé criblé de balles à Bamenda après l’attaque de sa voiture, qui avait disparu. Les autorités avaient accusé les séparatistes, mais le meurtre n’a jamais été revendiqué.

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Une guerre qui dure depuis six ans

Le conflit séparatiste a éclaté à la fin de 2016 après que le gouvernement a fait sévèrement réprimer des manifestations réclamant une égalité de traitement et plus d’autonomie pour les anglophones, dont une partie s’estime ostracisée par le pouvoir central. La guerre a fait plus de 6 000 morts et a déplacé environ un million de personnes en six ans, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Depuis le début, le président Paul Biya se montre intraitable, même à l’égard des revendications des plus modérés – en faveur d’une solution fédéraliste –, et a dépêché massivement des forces de sécurité pour tenter de mater la rébellion. L’armée comme les séparatistes sont régulièrement accusés par l’ONU et les ONG internationales de commettre des crimes contre les civils, principales victimes du conflit.

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