Racisme : arrêtez de le bananiser

Dans un essai, Serge Bilé et Audifac Ignace dénoncent l’ampleur prise par ce phénomène dans le monde. Et en démontent les mécanismes.

L’accueil réservé au footballeur ivoirien Yaya Touré dans le stade de Wigan, en 2010. © Paul Ellis/AFP

L’accueil réservé au footballeur ivoirien Yaya Touré dans le stade de Wigan, en 2010. © Paul Ellis/AFP

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 30 décembre 2013 Lecture : 1 minute.

"Si j’étais noir, je me tuerais" : l’auteur de cette déclaration inqualifiable n’a que 6 ans. Il est italien et fait partie d’un panel d’enfants interrogés dans le cadre d’une étude anthropologique sur le racisme en Italie publiée en 1997. Le 25 octobre dernier, en France, une fillette de 12 ans hurle à l’adresse de Christiane Taubira, ministre française de la Justice : "La guenon, mange ta banane !"

Coïncidence ? "Non", entendent démontrer le Franco-Ivoirien Serge Bilé et le Camerounais Audifac Ignace dans l’essai Singe – les dangers de la bananisation des esprits, qui vient de sortir chez Dagan Éditions. Selon ces journalistes, ces incidents impliquant des enfants illustrent le retour d’un racisme déshumanisant au sein de la famille. Plus grave encore, cette attitude "décomplexée" s’est institutionnalisée et se répand dans les milieux politiques.

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Initialement, le livre ne devait aborder que le cas italien, la péninsule s’étant hélas particulièrement distinguée en la matière. Mais les "écarts" se comptant par dizaines ces dernières années, dans tous les domaines (politique, sportif, scolaire…) et dans tous les pays du monde (des États-Unis à la Russie en passant par l’Allemagne, la Belgique, la Pologne ou la Suisse), "il nous a semblé important de montrer que les comportements se dégradent un peu partout", explique Serge Bilé.

"Si on ne peut pas changer les parents, on peut changer les enfants"

Et pour lui, un contexte économique difficile ne constitue pas une excuse. "Les crises ont toujours favorisé la montée des racismes ; ce qui change aujourd’hui, c’est la libération de la parole politique, et internet, qui autorise davantage les injures", poursuit l’auteur, entre autres, du best-seller Noirs dans les camps nazis (2005).

Les solutions ? "Si on ne peut pas changer les parents, il faut sauver les enfants", insiste-t-il. Il est "urgent" de lever "les tabous sur le racisme qui perdurent dans les écoles" et de rappeler que les insultes qui animalisent l’homme noir émanent du passé peu glorieux des nations occidentales.

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