France : polémique autour du rapport d’intégration
Un rapport sur l’intégration suscite la polémique. La simple évocation du port du voile à l’école a occulté des propositions intéressantes. Dommage.
![© ERIC CABANIS / AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2014/01/02/022122013093616000000000_Par6262948.jpg)
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"La France devrait assumer la dimension "arabe-orientale" (comme afro-antillaise, océano-indienne, mélano-polynésienne ou asiatique) de son identité et sortir de son attitude postcoloniale." Ce type de phrases couperets, le rapport sur l’intégration commandé par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre français, en comporte des dizaines.
Rendu début novembre et publié sur le site de Matignon mi-décembre, cet ensemble de cinq synthèses – portant sur cinq thèmes distincts et réalisées par autant de groupes de travail – n’a été exhumé qu’un mois plus tard par le quotidien Le Figaro. Et il a aussitôt déclenché la polémique. En cause, le texte qui préconise la "suppression des dispositions légales et réglementaires scolaires discriminatoires, concernant notamment le voile". Ce qui revient, disent certains, à autoriser le retour du foulard à l’école.
>> Lire aussi : vers une interdiction du voile à l’université ?
"Dans l’intégration, il y a l’inclusion"
Mais le travail accompli par quelque deux cents élus et membres de la société civile sur ce serpent de mer de la vie politique française qu’est l’intégration peut-il être réduit à ce seul point ? Au-delà de sa forme, ratée (276 pages compilées sans la moindre harmonisation), ce rapport a le mérite d’appuyer "là où ça fait mal". "Dans l’intégration, il y a de l’inclusion ; c’est un processus réciproque, qui a pour objectif de permettre à chacun de trouver sa place", est-il expliqué. L’abandon du terme "intégration" lui-même, jugé "ni neutre, ni adapté", est par ailleurs conseillé.
Sur l’habitat et la protection sociale – deux des thèmes de réflexion -, la plupart des idées sont très concrètes : consultation systématique des habitants avant tout lancement de projet urbain, rénovation des foyers de travailleurs migrants, ou "recours généralisé" aux interprètes dans les centres de soins et organismes sociaux.
Valoriser les langues premières
C’est en particulier le système scolaire français, qualifié de "production industrielle de l’échec" dans les milieux populaires, qui est visé par les auteurs. L’école devrait "valoriser les langues premières des enfants", et dynamiser "l’apprentissage de l’arabe", comme c’est le cas du chinois aujourd’hui, car si c’est "une langue d’avenir économique, l’arabe l’est tout autant".
Il faudrait aussi, estiment les auteurs, former les forces de police à la lutte contre les discriminations, ouvrir la fonction publique aux étudiants d’origine modeste "via des stages", demander aux médias de "ne mentionner la nationalité, l’ethnie, la couleur de peau, la religion ou la culture que si l’information est pertinente", inciter les maires à nommer "rues et places en référence à l’histoire des migrations", etc.
Reste à savoir combien – aucun chiffre n’est avancé – de telles mesures coûteraient à un État français endetté et qui, malgré l’arrivée au pouvoir de la gauche en 2012, ne semble toujours pas prêt à faire de l’intégration une priorité.
Arguant que le travail ministériel était inachevé, Matignon a reporté la réunion sur le sujet sine die.
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