Éloge de l’ouverture
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 23 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.
En cette fin d’année 2013, pour sacrifier à la tradition des voeux, je n’en formulerai qu’un seul : que tous, quel que soit notre pays d’origine, nous renoncions à cette détestable tentation du repli sur soi qui ne cesse de se propager d’Alger à Rabat, de Paris à Bamako et d’Abidjan à Malabo. Ce serait le plus bel hommage que nous puissions rendre à feu Nelson Mandela. Comme l’a si bien dit Barack Obama à Soweto, célébrer sans les appliquer les principes que Madiba s’est évertué à nous inculquer confine au cynisme le plus insupportable. C’est aussi une impérieuse nécessité pour nos nations encalminées, où l’"autre" est toujours suspect, dangereux, menaçant. Qu’il s’agisse de l’immigré ou même du voisin. Celui du village ou de la région d’à côté, membre d’une autre ethnie, d’une autre confession, d’une autre obédience, d’une autre génération – pour ne rien dire du sexe. La liste des différences qui indisposent et/ou opposent ne cesse de s’allonger dans notre monde en perpétuelle transformation. Oui, nos sociétés changent à toute vitesse. On peut le regretter, se laisser aller à la nostalgie, rêver du temps enfui des confitures de nos grands-mères… Mais refuser l’évolution est illusoire. Mieux vaut se préoccuper de l’avenir et consacrer notre énergie à le rendre meilleur.
Bien sûr, ce n’est pas le monde des Bisounours qu’il s’agit de construire. Il faut des règles, des principes, des droits, mais aussi des devoirs. Des lois que l’on respecte ; des valeurs qui rassemblent le plus grand nombre autour d’un projet ; des incitations et des sanctions. Ne rêvons pas, nous n’aurons pas toujours une mère Teresa, un Gandhi ou un Mandela pour diriger nos destinées. Mais apprendre, dans notre propre intérêt, à voir le monde différemment, à mettre de côté préjugés et défiance pavlovienne serait déjà beaucoup.
Il est grand temps de se convaincre, comme l’explique excellemment le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam dans l’hebdomadaire français Le Point (no 2153-2154, 19-26 décembre 2013), que "la fermeture aboutit toujours à l’échec : on devient alors moins compétitif, plus faible, on s’effondre". Toute l’histoire de l’humanité en témoigne.
Certains se gausseront sans doute de cet éloge de l’ouverture et de l’altruisme, qu’ils rangeront au rayon des bons sentiments et des voeux pieux. Mais avoir les pieds sur terre n’empêche nullement de porter ses regards ailleurs. Oscar Wilde ne disait-il pas que le progrès n’est que l’accomplissement des utopies ?
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