Argentine : Axel Kicillof, le Rastignac de la pampa
Cristina Kirchner a nommé Axel Kicillof ministre de l’Économie, un très jeune et très ambitieux ami de son fils. Pari risqué ?
Ses détracteurs jurent qu’avant sa nomination à la tête du ministère de l’Économie Axel Kicillof (42 ans), qui n’était encore que secrétaire d’État, détenait davantage de pouvoir que le ministre lui-même. C’était peut-être vrai. Ou peut-être pas. Mais l’anecdote dépeint bien le caractère du nouveau protégé de Cristina Kirchner : ultra-ambitieux, autoritaire et intelligent. Ses proches en sont convaincus : il est le fils que la présidente aurait aimé avoir.
À peine rentrée de convalescence après une opération au cerveau, cette dernière a fait sensation, le 18 novembre, en propulsant son favori à un poste clé du gouvernement argentin. En 2012, Kicillof s’était illustré lors de l’expropriation du groupe pétrolier espagnol Repsol, qui détenait 57 % des actions de la compagnie argentine YPF.
Brillant orateur, il avait défendu pied à pied l’opération devant le Parlement et avait réussi à convaincre les députés que l’État ne paierait pas un cent de dédommagement. Devenu ministre, il a mis beaucoup d’eau dans son vin. Du coup, Repsol s’est empressé d’accepter sa proposition d’indemnisation à hauteur de 5 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros) et a renoncé à toute poursuite judiciaire contre l’Argentine.
Une forte intervention de l’État dans l’économie
De double formation keynésienne et marxiste, Kicillof est partisan d’une forte intervention de l’État dans l’économie. "En 2010, sa vision a séduit Kirchner, qui, après la mort de son mari, cherchait à s’entourer d’hommes compétents", raconte Ezequiel Burgo, son biographe. Proche de Máximo, le fils aîné de l’ex-couple présidentiel, le jeune ministre a les yeux bleus, le favori broussailleux, et ne raffole pas des cravates. Il a commencé son ascension vers les hautes sphères grâce à La Cámpora, le mouvement de la jeunesse péroniste créé en 2003 par Máximo. Docteur en économie, puis enseignant à l’université de Buenos Aires, il semble avoir les qualités requises pour remédier aux échecs de ses prédécesseurs : monnaie surévaluée, baisse des réserves de devises étrangères, forte inflation, etc. Guillermo Moreno, ancien secrétaire au Commerce intérieur, a même été accusé de sous-estimer gravement la hausse des prix – 10 % selon lui, environ 25 % selon le FMI -, ce qui n’a pas contribué à renforcer le crédit de l’Argentine auprès des institutions financières internationales. Autre dossier chaud : le remboursement auprès de plusieurs fonds vautours de la dette contractée par les autorités argentines. On souhaite à Axel Kicillof bien du plaisir.
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