Inde – Chine : bruits de bottes dans l’Himalaya

Quatre-vingt mille soldats indiens massés à la frontière… Déploiement de missiles balistiques chinois… Dans l’Himalaya, les deux pays se jaugent et se défient.

En octobre, Manmohan Singh (à g.) signait un accord avec Xi Jinping. © Peng Sun / POOL / AFP

En octobre, Manmohan Singh (à g.) signait un accord avec Xi Jinping. © Peng Sun / POOL / AFP

Publié le 16 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Zone désertique de 2 500 km de long perchée sur le toit du monde, l’Himalaya est une poudrière. Pas vraiment étonnant. Le vertigineux massif montagneux constitue en effet la frontière naturelle entre les deux pays les plus peuplés de la planète : l’Inde et la Chine. Vieille histoire.

Dès le début des années 1960, après avoir annexé le Tibet, Mao Zedong se lança à l’assaut des contreforts himalayens. Le conflit sino-indien de 1962 fit plus de 4 000 morts. L’armée indienne fut balayée, humiliée, en quelques semaines. Depuis, la frontière est en permanence surveillée par des drones américains. Et par une station radar de haute altitude construite par l’Armée populaire de libération. En dépit d’une ribambelle d’accords et de cessez-le-feu entre les deux pays, les bruits de bottes persistent.

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Au mois d’octobre, la visite à Pékin de Manmohan Singh, le Premier ministre indien, a débouché sur un accord en trompe l’oeil. Car, simultanément, les préparatifs guerriers se sont poursuivis. Pékin a envoyé de nouvelles troupes au Tibet et installé une batterie de missiles de croisière. Dans la foulée, New Delhi a annoncé le déploiement progressif de plus de 80 000 soldats le long de la frontière. Une opération d’envergure censée durer sept ans et déboucher sur la création à Panagarh, dans l’ouest du Bengale, d’un QG de l’armée indienne. L’objectif de cette dernière est de mettre sur pied une force de réaction rapide constituée de commandos rompus aux opérations en haute altitude. Des missiles de croisière vont également faire leur apparition de ce côté de la frontière. Bref, l’Inde tente d’inverser le rapport des forces dans cette région où sont stationnées une trentaine de divisions de l’Armée populaire de libération et où l’on recense trois militaires chinois pour un indien.

Les violations de frontière sont récurrentes

Depuis les années 1960, les violations de frontière sont récurrentes, mais, en 2011, elles se sont multipliées. La Chine revendique une zone de 90 000 km² sous souveraineté indienne dans l’est de l’Himalaya. L’Inde accuse sa voisine d’occuper illégalement 38 000 km² sur le plateau de l’Aksai Chin, dans la partie occidentale du massif. Pour la première, l’objectif est inchangé : affirmer sa mainmise sur le Tibet et refuser la frontière héritée de l’Empire britannique, en 1914. Elle soutient donc son allié pakistanais dans le conflit qui l’oppose à l’Inde au Cachemire. À l’inverse, l’armée américaine soutient militairement et diplomatiquement son allié indien.

La Chine et l’Inde sont membres des Brics, ces pays émergents qui contestent la suprématie occidentale. Dans les réunions internationales, ils sont souvent coude à coude pour défendre leurs intérêts. Pour le reste, tout les oppose.

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