Afrique du Sud : Ramaphosa visé par une plainte pour « enlèvement »
Déposée le 1er juin par un ancien chef des services de renseignements, la plainte accuse le président d’avoir enlevé, interrogé puis corrompu des cambrioleurs qui s’étaient introduits dans l’une de ses propriétés et y avaient trouvé près de 4 millions de dollars.
C’est une affaire inhabituelle qui éclabousse le président sud-africain, et dont on ne sait encore si elle aura de véritables suites judiciaires. Cyril Ramaphosa est accusé d’avoir enlevé et interrogé des cambrioleurs tombés sur 3,8 millions d’euros « cachés » dans l’une de ses propriétés, une ferme située dans le nord-est du pays. Il aurait ensuite acheté leur silence, si l’on en croit une plainte pour « enlèvement » et « corruption » contre le chef de l’État.
Cette plainte, déposée le 1er juin dans un commissariat de Johannesburg, émane d’un ancien chef des renseignements sud-africains. « Aujourd’hui, j’ai pris la décision sans précédent de porter plainte contre son excellence, le président de la République d’Afrique du Sud », affirme Arthur Fraser. Son communiqué est bref et avare de détails. Fraser affirme néanmoins que le cambriolage a été commis le 9 février 2020 et que « le président a dissimulé ce délit » à la police et aux services fiscaux « et a ensuite payé les coupables pour leur silence ».
Photos, comptes bancaires et vidéos
Cyril Ramaphosa est également soupçonné « d’entrave à la justice » et d’avoir organisé « l’enlèvement des suspects, leur interrogatoire dans sa propriété et leur corruption ». Fraser dit avoir fourni des preuves à la police : « photos, comptes bancaires, noms et vidéos. » De son côté, la présidence a affirmé dans un communiqué publié le 2 juin que le chef de l’État « a appris dans les médias qu’il avait été ciblé par une plainte et [qu’il] est prêt à coopérer avec les organes de justice dans le cadre de l’enquête sur les faits évoqués ».
Après une carrière dans le renseignement, Arthur Fraser avait pris la tête des services pénitentiaires. Deux mois après l’incarcération de Jacob Zuma en juillet 2021 pour outrage à la justice, il avait pris la décision de le libérer sur parole pour raison médicale. Principal opposant à Cyril Ramaphosa au sein de du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), l’ancien président a été poussé à la démission en 2018 après une série de scandales de corruption.
Cyril Ramaphosa a fait de la lutte contre ce fléau l’une de ses priorités. Mais il a lui-même été appelé à témoigner devant la commission Zondo, chargée d’enquêter sur le pillage des caisses de l’État pendant l’ère Zuma. L’ANC doit décider d’ici à décembre si Ramaphosa sera de nouveau son candidat à la présidentielle de 2024.
(avec AFP)
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