Côte d’Ivoire : Ousmane Diakité, l’imam du juste milieu

« Dieu tout-puissant » (5/5) Discret, méconnu du grand public, il a pourtant derrière lui des années de médiations et d’influence. Depuis un an, il a pris la tête du Cosim en Côte d’Ivoire avec la lourde mission de contrer la propagation de l’idéologie des groupes terroristes.

L’imam Ousmane Diakité © DR

Aïssatou Diallo.

Publié le 10 juin 2022 Lecture : 6 minutes.

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Dieu tout-puissant : quand les religieux influent sur le politique

Ils goûtent plus ou moins la lumière et les honneurs mais, de Bamako à Kinshasa, en passant par Conakry, Abidjan et Ouaga, des religieux, catholiques ou musulmans, exercent une indéniable influence sur la scène publique. Et ce n’est pas toujours du goût des pouvoirs en place.

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Que savent les Ivoiriens du cheikh Aïma Ousmane Diakité ? Peu de choses, tant l’homme est discret. Mais son franc-parler, lui, est de notoriété publique. Un épisode a marqué les esprits. Le 21 juin 2017, tout ce que le pays compte de personnalités politiques et d’hommes d’affaires musulmans est réuni à la grande mosquée du quartier huppé de la Riviera Golf. C’est l’affluence des grands jours pour cette Nuit du destin, moment important du mois de ramadan.

Ousmane Diakité, alors secrétaire exécutif du Conseil supérieur des imams de Côte d’Ivoire (Cosim), a la parole. Son prêche porte sur l’enrichissement illicite et la corruption. « Si vous détournez des fonds, ne pensez pas que vous avez seulement désobéi à la loi de la République. Vous avez aussi désobéi aux ordres d’Allah », explique-t-il d’une voix calme sortie de sa barbe grisonnante et de sa carrure imposante. Dans l’assistance, certains hochent la tête en signe d’approbation. Manipulation des marchés publics, abus de fonction… Personne en particulier n’est visé, mais l’imam a des mots sévères.

Il insiste : « Certains s’achètent une conscience en se disant qu’ils vont utiliser une partie de l’argent qu’ils volent pour construire des mosquées, pour faire partir des gens à la Mecque… La religion musulmane n’accepte pas cela. Il n’y a pas de blanchiment d’argent spirituel. Le fait de faire des sacrifices avec de l’argent volé ne le rend pas licite. »

Le prêche est alors largement commenté. En s’exprimant sur la corruption, Ousmane Diakité a soulevé une question taboue. En 2017, selon l’ONG Transparency International, la Côte d’Ivoire se classait au 103e rang sur 180 que compte l’indice de perception de la corruption.

Homme de principes

Ousmane Diakité est désormais le président du Cosim – il a été élu en avril 2021 -, une organisation qui compte 26 742 imams et jouit d’une solide implantation à travers le pays. Cette fonction fait de lui le guide de la communauté musulmane en Côte d’Ivoire. Il a néanmoins gardé la tête de la mosquée Arafat de Bounoumin, à Cocody, où se trouvent ses bureaux, ainsi que l’université musulmane africaine.

Décrit comme un homme de principes, il est connu pour sa capacité à faire des compromis. Le choix de cet homme pour succéder à l’imam Mamadou Touré est le fruit d’un parcours sans errance et d’une fidélité à l’organisation.

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