Intégrisme : OPA sur le Sahel

De la Mauritanie au Tchad, du Niger au Mali, le wahhabisme réalise une percée spectaculaire. Mais tous les États ne sont pas prêts à laisser cet islam rigoriste s’installer.

Prière de la fin du ramadan, dirigée par Mahmoud dicko, le 8 août à Bamako. © Émilie Regnier

Prière de la fin du ramadan, dirigée par Mahmoud dicko, le 8 août à Bamako. © Émilie Regnier

Publié le 25 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

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Intégrisme : OPA sur le Sahel

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C’est comme un match qui se jouerait depuis des années dans un stade plein à craquer, mais loin des caméras. Les dirigeants des États ouest-africains en entendaient parler mais, longtemps, ils n’ont pas cru que le jeu pouvait dégénérer. À leurs yeux, l’islam confrérique constituait un rempart indestructible, à jamais préservé de la tentation extrémiste. Jusqu’au jour où une bande de hooligans – réunis sous les bannières d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), d’Ansar Eddine… – a fait irruption dans le stade, a convaincu des habitués des virages (là où les places sont moins chères), et a tout cassé. 

Les supporteurs du wahhabisme ont beau répéter que cet extrémisme-là n’a rien à voir avec leurs valeurs, le doute s’est installé. Et la pénétration en Afrique de l’Ouest, depuis une cinquantaine d’années, d’un islam sunnite réformé venu de la péninsule Arabique ou d’Égypte qui juge hérétique l’islam confrérique soufi (un syncrétisme propre à cette région du monde) pratiqué depuis des siècles par des millions d’Africains est apparue en pleine lumière. Réduire le premier au radicalisme prôné par ses extrémistes serait tout aussi erroné qu’imaginer l’islam soufi imperméable à toute tentation fondamentaliste – "une vision coloniale", estime l’anthropologue français Jean-Loup Amselle.

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Le fossé entre ces deux pratiques reste toutefois conséquent. À la fin de la colonisation, le discours rigoriste du wahhabisme a été perçu comme une forme de résistance. Puis, soutenu par de généreux donateurs, il a gagné du terrain, séduisant notamment les cadres arabophones, trop souvent ignorés par les pouvoirs en place. Désormais, il est fréquent de prier les bras croisés au Mali, au Sénégal ou au Niger, pays majoritairement musulmans, mais aussi au Tchad, au Burkina ou en Côte d’Ivoire, où les chrétiens sont nombreux. "L’exception religieuse négro-africaine" que décrit le sociologue sénégalais Ousman Blondin Diop est-elle menacée ? Pas encore. Pour l’heure, le wahhabisme n’a que peu de relais politiques, et les tenants du soufisme organisent la résistance. Mais pour le chercheur Bakary Sambe, "il est temps d’agir".

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