Guéguerre nucléaire au Niger
Areva et Niamey renégocient les termes des contrats d’exploitation des mines d’Arlit. À l’approche de la date butoir du 31 décembre, la tension monte.
D’abord, Areva a parlé d’arrêter la production de ses mines d’uranium d’Arlit jusqu’à la fin de l’année. C’était en octobre, mais la menace n’a pas été mise à exécution. Puis, le 9 décembre, le quotidien français Libération a annoncé que le géant du nucléaire avait déjà programmé la fermeture de ses deux mines du Niger, d’ici à deux ou trois ans pour celle exploitée par la Cominak, six ou huit ans pour celle de la Somaïr. "Faux", s’est empressée de rétorquer la firme française. "Archifaux", a renchéri une source nigérienne qui a participé, les 11 et 12 décembre, aux conseils d’administration des deux filiales d’Areva au Niger. "C’est de l’intox", croit-on savoir dans l’entourage du président Mahamadou Issoufou.
Selon un cadre de l’une de ces filiales, même si ces mines ne sont plus de la première jeunesse, "elles sont encore relativement rentables", et l’hypothèse avancée par Libération est "irréaliste". Elle n’en illustre pas moins l’extrême tension qui règne autour des tractations en cours entre Areva et Niamey. "Ce n’est pas un hasard si cette information sort maintenant. C’est un moyen de pression", estime un proche d’Issoufou.
Depuis plusieurs mois, les deux parties négocient avec une âpreté rare les termes des contrats d’exploitation de l’uranium nigérien. Les accords actuels arrivent à leur terme le 31 décembre. Il ne reste donc plus que quelques jours à Areva et au ministère des Mines pour s’entendre.
De nombreux avantages fiscaux
Or les positions des uns et des autres sont, selon plusieurs sources, encore très éloignées. La firme, dont l’ONG Oxfam a récemment révélé les nombreux avantages dont elle bénéficie depuis plus de quarante ans au Niger, se prévaut d’une convention signée en 1968 pour une durée de soixante-quinze ans pour refuser de se plier à la loi minière de 2006, qui prévoit une augmentation sensible des taxes.
En coulisses, Areva affirme que ses filiales nigériennes ne seraient plus rentables si on leur retirait leurs avantages fiscaux. Mais des sources internes à ces filiales contestent cette version, à laquelle Niamey ne croit pas non plus. Un audit remis début novembre aux deux parties par un cabinet indépendant devrait permettre de savoir qui dit vrai.
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