Selfie

James Cameron, Helle Tharning-Schmidt, Barack et Michelle Obama, le 10 décembre à Soweto. © Roberto Schmidt/AFP

James Cameron, Helle Tharning-Schmidt, Barack et Michelle Obama, le 10 décembre à Soweto. © Roberto Schmidt/AFP

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 16 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

C’est un phénomène planétaire au point que le très respectable dictionnaire d’Oxford – l’équivalent anglais du Larousse – en a fait son mot de l’année 2013. Le selfie (ou autophoto), saisi avec un téléphone portable et aussitôt partagé sur les réseaux sociaux, est à l’image de nos sociétés à la fois mondialisées et autocentrées, impudiques et narcissiques. La très festive cérémonie de deuil organisée le 10 décembre au Soccer Stadium de Soweto, qui fut beaucoup plus un hymne à la vie de Mandela qu’une célébration de sa mort, a donc donné lieu à un déchaînement de selfies.

C’est ainsi que la Première ministre danoise, Helle Tharning-Schmidt, pétillante blonde de 46 ans tout droit sortie de la série Borgen, a joué aux ados ultraconnectés en postant son autoportrait avec Obama et Cameron, alors qu’à la tribune officielle le vice-président chinois ânonnait un discours inaudible au son des vuvuzelas (voir ci-dessus). Quitte à passer chez elle pour un peu frivole. Quitte surtout à gélifier Michelle O., pourtant elle-même grande consommatrice de selfies.

Le Sahraoui Mohamed Abdelaziz, président de la RASD, est aussi parvenu à obtenir son selfie personnel avec Barack Obama.

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L’autophoto en compagnie de célébrités n’est donc pas réservée qu’aux fans de Justin Bieber nés après 1990. Il est aussi un vrai vecteur de reconnaissance sociale et le Viagra de l’estime de soi. Le Sahraoui Mohamed Abdelaziz, président de la RASD, l’a bien compris. Ce même 10 décembre, à Soweto, il est parvenu à obtenir son selfie personnel avec Barack, immédiatement mis en ligne sur le site du Polisario (ci-dessous). Les autorités marocaines, qui devaient bien se douter qu’Obama ignorait à qui il avait affaire, n’ont pas réagi. Il est vrai que ce chef d’un État virtuel est un habitué du genre : en mai dernier, dans les couloirs de l’Africa Hall d’Addis-Abeba, il s’était jeté dans les bras d’un François Hollande interloqué, le temps d’immortaliser la scène.

Mohamed Abdelaziz et Barack Obama, le 10 décembre au Soccer Stadium de Soweto.

© DR

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Reste que l’image la plus commentée de cette cérémonie aux allures de bal des apparences restera la poignée de main entre la star du jour et le Cubain Raúl Castro (ci-dessous). Pas de selfie cette fois, mais une séquence filmée : Obama monte les marches du stade pour gagner sa place et tombe nez à nez avec le premier de la rangée, lequel esquisse un geste de la main. Que faire ? L’ignorer ? "Bien sûr !" s’exclame le sénateur John McCain, faucon notoire, "on ne serre pas la main d’Hitler !" C’était compter sans l’esprit de Mandela, qui ce jour-là flottait sur le stade. À l’heure qu’il est, d’ailleurs, nul doute que notre Madiba adoré s’est déjà fait son petit selfie avec Dieu… 

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Barack Obama et Raúl Castro, à Soweto, le 10 décembre.

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