Réveille-toi Madiba !
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 10 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.
L’histoire de Mandela a accompagné celle de Jeune Afrique pendant plus d’un demi-siècle, comme la boussole guide le navigateur sur des eaux tumultueuses. En mai 1964, alors que le procès de Rivonia bat son plein, J.A. traduit et publie l’intégralité de la plaidoirie (désormais historique) de cet homme de 45 ans, totalement méconnu dans l’univers francophone. Au cours des deux décennies qui suivent, le visage de Madiba en tenue de bagnard, matricule 46664, apparaît régulièrement à la une de notre hebdo, qui lui consacre en 1982, pour le 20e anniversaire de son arrestation, un dossier de quinze pages sous le titre "Le scandale Mandela".
Quatre ans plus tard, en 1986, alors que bien peu de monde encore se soucie vraiment du sort de cet emmuré à vie, Béchir Ben Yahmed demande à l’auteur de ces lignes de rédiger sa première biographie en français. Mandela l’indomptable paraît l’année suivante, et son premier tirage est rapidement épuisé. Avoir fait connaître aux Africains et à bien d’autres le combat du dernier des géants de ce XXe siècle finissant ne restera pas comme la plus petite de nos fiertés.
Nelson Mandela, comme Gandhi, de Gaulle ou Mao, incarnait avant tout un peuple et une terre.
De la libération à la disparition, de 1990 à 2013, nous n’avons cessé depuis de suivre et de relater les pas, les miracles, les hésitations aussi et parfois les erreurs du meilleur d’entre nous. Nelson Mandela, comme Gandhi, de Gaulle ou Mao, incarnait avant tout un peuple et une terre. Mais cet homme de défis et de ruptures devenu icône planétaire aura su offrir de l’Afrique un visage infiniment plus conforme à son héritage que celui que présentent trop souvent les médias occidentaux.
Savait-il que sur ce continent d’ombre et de lumière son exemple aida des milliers de victimes de l’arbitraire à survivre ? Le Tchadien Souleymane Guengueng, que le dictateur Hissène Habré avait envoyé pourrir au fond d’une geôle infecte, en témoigne : "Un jour de février 1990, un prisonnier du nom de Brahim, qui devait mourir un peu plus tard, est venu nous dire que Mandela avait été libéré et qu’il était sorti en héros. Si Mandela avait pu résister vingt-sept ans, c’est qu’il y avait encore de l’espoir pour nous." Un hommage qui vaut bien ceux dont nous abreuvent aujourd’hui ad nauseam tous ces responsables politiques, dont pas un n’arrive à la cheville du bafana de Mvezo.
Ce jeudi 5 décembre, alors que Rolihlahla Mandela rejoignait le paradis sacré de ses ancêtres, emportant avec lui un peu de notre ADN, on tuait à l’arme blanche dans les rues de Bangui. Réveille-toi Madiba, l’Afrique a encore besoin de toi !
Jeune Afrique a consacré de nombreuses couvertures au leader sud-africain… © Jeune Afrique
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