La RSE change : êtes-vous prêts ?

La responsabilité sociétale des entreprises devient un enjeu prioritaire, notamment pour le secteur minier africain, pionnier en la matière. La tendance doit se généraliser, et des investissements des acteurs économiques dans des actions locales durables sont nécessaires pour renforcer leur attractivité sur les marchés.

Cyril Ramaphosa, le président de l’Afrique du Sud, à l’African Mining Indaba 2022, la plus grande conférence minière du continent, au Cap. © Shelley Christians/Reuters

Jérémie Malbrancke © DR
  • Jérémie Malbrancke

    Directeur général et associé de classM, un cabinet d’études et de conseil opérationnel en Afrique

Publié le 1 juillet 2022 Lecture : 3 minutes.

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RSE : vers un développement responsable

Approvisionnement en produits locaux, sous-traitance de proximité, mais aussi, et surtout, recours aux ressources humaines locales… L’engagement local des entreprises est devenu un facteur clé de succès.

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Mining Indaba, la grand-messe du secteur minier africain, organisait en avril dernier son édition annuelle autour du thème « Évolution du secteur minier africain : investir dans la transition énergétique, la RSE et les économies ». L’un des secteurs les plus décriés par les militants pour son manque de transparence, ses dégâts environnementaux et sa faible capacité à générer des retombées locales pérennes est en train de devenir l’un des plus proactifs en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). On parle bien d’investir : ce n’est plus de la cosmétique.

La RSE a longtemps été un sujet d’acceptation sociale, porté par les équipes en charge de la communication externe. Mais se présenter comme vertueux peut être risqué : les entreprises qui annoncent des actions fortes font l’objet d’une attention accrue sur la réalité de leurs engagements. Ce constat est particulièrement fort en Afrique, continent dont les indicateurs de développement restent faibles.

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Manque d’adhésion spontanée

La contrainte réglementaire, qui découle souvent d’un souci du politique de montrer qu’il répond aux attentes des populations, a accéléré l’adoption de démarches RSE exigeantes. En Afrique, les codes miniers ou pétroliers se renforcent, encourageant les entreprises à participer au développement économique local. Les investisseurs ont, quant à eux, mis en place des critères de mesure de la performance d’une entreprise en matière de RSE, afin de démontrer la conformité aux standards internationaux des activités qu’ils soutiennent.

Tout ceci représente un progrès incontestable, mais ces vecteurs d’adoption de la RSE (la recherche d’une image positive, la conformité réglementaire, la performance extra-financière) traduisent encore des contraintes extérieures plutôt qu’une adhésion spontanée. Il est temps de changer de dynamique et certaines entreprises commencent à l’intégrer dans leur stratégie de croissance : une meilleure gestion de leur impact permet de stabiliser leurs opérations, de maîtriser les risques sociétaux, ou de renforcer leur attractivité sur les marchés.

Il ne s’agit plus de se contenter de distribuer des subventions pour construire un dispensaire ou pour « renforcer les capacités » des populations : par leur manque d’adaptation aux réalités locales, les projets de ce type ont souvent été la source des dysfonctionnements qu’ils sont censés combattre.

1 à 3 % du chiffre d’affaires consacré à la RSE

Il s’agit au contraire, en tant qu’acteurs économiques portés par une nécessité vitale de rentabilité, de regarder l’action RSE comme le moteur d’un développement économique local pérenne. Il s’agit d’investir dans les territoires, de soutenir les entrepreneurs locaux, de valoriser les ressources humaines et naturelles disponibles. Une telle démarche, essence même de la RSE, reste encore insuffisamment considérée. Elle implique une ambition : faire de la RSE un véritable levier de performance, en dépassant les intérêts de court terme et en faisant de l’impact une source de croissance du résultat net dans la durée.

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Des investissements importants engendrent de grandes responsabilités. Les budgets RSE des multinationales actives en Afrique représentent 1 à 3 % de leur chiffre d’affaires : chaque année, une somme phénoménale, de l’ordre de plusieurs milliards de dollars, est disponible et pourrait être utilisée de manière plus efficace pour générer un développement économique pérenne. L’approche par l’investissement constitue la réponse logique d’une entreprise au souci de faire le bien tout en créant un retour – patient – sur le capital investi. Ce modèle fait ses preuves partout où il est mis en œuvre : qu’attendez-vous pour rejoindre le mouvement ?

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