[Enquête] UA : pourquoi les Africains n’y croient plus (ou presque), par François Soudan

« L’Union africaine a 20 ans : les illusions perdues (1/4). » Née en 2002, l’UA continue d’être perçue par les Africains comme inefficace et peu crédible. La faute à l’absence de volonté politique de ses chefs d’État, qui renâclent à renforcer le pouvoir de l’organisation, seul moyen de rétablir un lien de confiance avec les populations du continent.

Discours de Mouammar Kadhafi lors du lancement de l’Union africaine, à Durban, le 9 juillet 2002. © MONTAGE JA : ALEXANDER JOE/AFP

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Publié le 28 juin 2022 Lecture : 4 minutes.

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Union africaine : les illusions perdues

Née en 2002, l’UA continue d’être perçue par les Africains comme inefficace et peu crédible. Retrouvez tous les articles de notre enquête.

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Kings Park Stadium de Durban, 9 juillet 2002. Pour ce qui est à la fois le dernier sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et le premier de l’Union africaine (UA), les chefs d’État du continent se sont déplacés en nombre au milieu d’un concert de vuvuzelas, de musique militaire et de danses zouloues. À la tribune, flanqué d’amazones en treillis, Mouammar Kadhafi rappelle à ses pairs que l’idée de remplacer une organisation à bout de souffle par une union pragmatique, destinée à préparer ces « États-Unis d’Afrique » qu’il appelle de ses vœux, lui revient de droit. Ne l’a-t-il pas lancée à Syrte, trois ans plus tôt ? « Nous acceptons ceux qui veulent nous aider, mais nous ne voulons pas de ceux qui veulent nous imposer leurs conditions », ajoute-t-il, avant de conclure par l’un de ses slogans favoris : « La terre africaine pour les Africains ! »

Wade, Mbeki, Mugabe, Moubarak, Dos Santos, Kabila, Gbagbo, Déby, Bongo, El-Béchir, Zenawi… À l’instar du « Guide » libyen, beaucoup des chefs présents ce jour-là ont depuis quitté le devant de la scène, emportant avec eux les promesses de l’aube.

Vingt ans plus tard en effet, l’UA, qui, selon les termes d’un rapport de sa Commission publié il y a trois ans, « n’a cessé d’imiter l’Union européenne en termes de structure institutionnelle et de trajectoire d’intégration », est bien loin d’atteindre les performances de son modèle – lequel n’est d’ailleurs pas forcément le plus adapté au continent.

De la non-ingérence à la non-indifférence

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