Et il est comment le dernier Janis Otsiemi ?

Dans son dernier polar, « African Tabloid », l’écrivain gabonais Janis Otsiemi ne devrait pas décevoir pas les amateurs du genre.

Janis Otsiemi est l’un des rares auteurs de polars en Afrique. © DR

Janis Otsiemi est l’un des rares auteurs de polars en Afrique. © DR

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 15 décembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Franchement, on aime beaucoup Janis Otsiemi. D’abord parce qu’il écrit des polars et que ce n’est pas si fréquent sur le continent. Ensuite parce qu’il ne rêve pas d’avoir sa chaise réservée dans un troquet de Saint-Germain-des-Prés. Enfin parce qu’il sait truffer sa prose d’expressions 100 % gabonaises, avec un humour toujours bien ajusté. Exemple parmi d’autres : "Un an plus tôt, sa femme Jacqueline l’avait pincé à la sortie d’un motel avec Marilyne dans ses bras. Elle s’était réfugiée chez ses parents pendant plusieurs mois. Pour qu’elle revienne au foyer, Boukinda avait dû s’endetter pour l’épouser à la coutume comme l’avaient exigé ses bokilo", ce dernier terme désignant ses beaux-parents. Mais on aime aussi Janis Otsiemi pour sa façon de traiter la question politique, mi-figue mi-raisin, l’air de pas trop y toucher mais les mains dans le cambouis 20px;" />quand même. Comme ceci notamment : "Pourtant quelques années plus tôt, le président gabonais avait tenté de faire adopter une Constitution monarchique et de faire de son fils l’héritier. Il avait chargé celui-ci d’en informer le Premier ministre français Jacques Chirac. Devant le refus des autorités françaises, ce projet de Constitution avait été abandonné. Mais pour beaucoup dans le sérail, les velléités présidentielles de Baby Zeus dataient de cette époque."

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African Tabloid, malgré son titre prétentieux chipé à l’immense James Ellroy (American Tabloid), ne décevra donc pas les amateurs du genre. Ils retrouveront l’ambiance des bas-fonds de Libreville, ses flics violents, véreux et ambitieux, ses querelles entre services, ses magouilles politiciennes, ses journalistes fouineurs, ses prostituées, ses seconds bureaux, ses seconds couteaux et, bien évidemment, ses crimes crapuleux. Reste l’intrigue… Si Otsiemi est doué pour restituer l’atmosphère de sa ville et pour faire vivre moult personnages gouailleurs, il ne cherche ni à construire un suspense haletant ni à bâtir un récit original. Les rebondissements sont cousus de fil blanc et les révélations plutôt attendues. Si bien qu’au bout du compte son français exotique perd une partie de sa saveur, comme une recette trop souvent utilisée.

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