Maroc : vie de palace à Marrakech
Réputée pour ses hôtels légendaires à l’architecture tout droit sortie d’un conte des Mille et Une Nuits, Marrakech compte un nombre impressionnant d’établissements de luxe et n’en finit pas de fasciner les Européens. Nouvel objectif : attirer les touristes des pays émergents.
"Bien sûr il y a la ville, sa médina, les 300 jours d’ensoleillement, les jardins somptueux. Mais ce qui fait de Marrakech une destination de luxe, ce sont avant tout les hommes qui s’y installent et qui l’inventent au quotidien", explique Jawad Kadiri, entrepreneur réputé dans la Ville ocre. En cinquante ans, Marrakech est devenu l’une des grandes destinations mondiales haut de gamme. Première cité touristique du pays, elle est aussi un must pour le gotha mondain, une halte obligée pour les jet-setteurs du monde entier, surtout lorsque l’hiver s’abat sur le continent européen.
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Dotée d’une hôtellerie de luxe, la ville abrite quelques établissements légendaires. Parmi eux, l’Es Saadi, fondé dans les années 1950 par Jean Bauchet, ancien propriétaire du Moulin-Rouge et du Casino de Paris. Visionnaire, l’entrepreneur français crée dans le quartier de l’Hivernage un établissement pour accueillir les Européens en quête de chaleur, de luxe et de repos.
Aujourd’hui, son épouse Henriette et sa fille Élisabeth continuent de gérer ce bijou qui comprend un parc fleuri de huit hectares, 135 chambres, 1 palais à l’architecture orientale de 92 suites, 10 sublimes villas avec piscine, 5 restaurants, et 1 spa Dior de 3 000 m2. En 2007, l’architecte Aziz Lamghari a supervisé des travaux d’envergure qui ont permis de rehausser encore l’ambiance "mille et une nuits" qui règne dans ce lieu mythique.
Au moins 1 500 euros la nuit dans un palace de rêve
Autre palace légendaire, La Mamounia, ouvert en 1923 et qui, lui aussi, a bénéficié d’un lifting complet en 2009 sous la houlette de Jacques Garcia. Classé par le Condé Nast Traveller et le Travel and Leisure comme l’un des meilleurs hôtels du monde, La Mamounia fait partie de l’histoire de Marrakech et a accueilli les plus grands noms du cinéma et de la politique.
Récent mais s’inscrivant totalement dans cette tradition patrimoniale, le Royal Mansour est un hôtel hors norme, qui fait rêver et fantasmer tant ses portes sont difficiles à franchir. Ce palace, ouvert en 2010, a été souhaité par le roi pour accueillir des hôtes de marque. Vitrine de l’artisanat et du savoir-faire national, cet hôtel-médina accueille ses clients dans des riads privés pour pas moins de 1 500 euros la nuit. Malgré la crise et le Printemps arabe qui ont entraîné une baisse de fréquentation dans le reste du Maghreb, les grands noms de l’hôtellerie continuent d’investir dans la ville. Et on peut difficilement soupçonner la famille Oetker, propriétaire par ailleurs du Bristol à Paris ou du Cap Eden Roc à Antibes, ou les dirigeants de la marque Ritz-Carlton – dont le complexe hôtelier devrait ouvrir en 2016 – d’investir à la légère. Les enseignes les plus prestigieuses sont présentes à Marrakech : le Four Seasons, le Mandarin Oriental, le Sofitel. Quant au Salman, il a été sacré meilleur hôtel d’Afrique en 2013.
La Mamounia, ouvert en 1923 et rénové en 2009. © AFP
Si certains considèrent que la ville a les yeux plus gros que le ventre, d’autres, comme Hamid Bentahar, vice-président des opérations Sofitel en Afrique, veulent croire qu’il s’agit au contraire d’un cercle vertueux. "Ces nouvelles implantations renforcent l’identité luxueuse de Marrakech et la font connaître. Elles ne saturent pas l’offre, elles lui donnent de l’ampleur et de la crédibilité. Cela permet notamment de rayonner au-delà de l’Europe et de conquérir une nouvelle clientèle." Un constat que confirme le Conseil régional du tourisme (CRT). "Outre les marchés traditionnels, nous ciblons les marchés émergents tels que le Brésil, la Russie et la Pologne, qui sont devenus les plus importants clients de palaces." Le CRT entend également attirer les Asiatiques et les Africains fortunés. Mais les palaces ne suffisent pas à créer un tourisme de luxe. "Ce type de tourisme suppose qu’il y ait aussi des infrastructures de qualité, des animations culturelles et festives de haut niveau", souligne Jawad Kadiri. En dix ans, le Festival international du film de Marrakech, qui accueille cette année dans son jury Martin Scorsese et Marion Cotillard, a gagné ses lettres de noblesse. Quant à Jamel Debbouze, il a réussi à amener à son Festival du rire tout le gratin des humoristes et du cinéma français.
Le patio du Royal Mansour. © DR
Marrakech est l’une des destinations qui a le moins perdu
"Le carnet de réservations des palaces marrakchis est tout à fait satisfaisant, explique le responsable d’un hôtel de luxe. En termes de tarifs, Marrakech est l’une des destinations qui a le moins perdu si l’on compare à Miami ou à Bali par exemple." Durant les neuf premiers mois de 2013, le taux d’occupation des établissements a atteint 53 %, soit une hausse de 15 % par rapport à 2012. Les arrivées ont augmenté de 21 %, et les nuitées, toutes nationalités confondues, de 17 %, avec un taux d’occupation moyen de 53 %, contre 44 % en 2012. Les raisons de cette embellie ? Pour le CRT, la conjoncture internationale a été favorable notamment au regard des difficultés rencontrées par des destinations concurrentes comme la Tunisie. Mais c’est surtout la diversification et l’enrichissement de l’offre qui ont joué. L’arrivée des grandes enseignes internationales, le lancement de nouveaux produits et concepts, d’un nouveau Palais des congrès et de parcours de golf ont revalorisé la destination. Autre facteur expliquant le succès de Marrakech, l’hyperactivité des professionnels du tourisme. Ici, le luxe a encore un bel avenir devant lui.
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