Hollande et le Maghreb : François-langue-de-soie
Passé colonial, Printemps arabes… Au Maghreb, le chef de l’État français, François Hollande, tient un discours d’apaisement. Et à géométrie variable.
Afrique – France : comme on se retrouve !
Alger en décembre 2012, Rabat en avril dernier, Tunis en juillet… Entamée huit mois après son élection, la tournée maghrébine de François Hollande visait à remettre un peu d’ordre – et d’harmonie – dans les relations de la France avec ses anciennes conquêtes nord-africaines.
Quand le texte, entre-temps abrogé, sur le "rôle positif" du colonialisme voulu par ses prédécesseurs Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy avait outré Alger, le président français a, devant les deux assemblées parlementaires du pays (celui qu’il connaît le mieux en Afrique, pour des raisons personnelles), reconnu "les souffrances que le système colonial a infligées au peuple algérien". Un geste par ailleurs tactique, au moment où se préparait l’opération Serval dans le nord du Mali.
Devant les élus tunisiens, autre mea culpa de Hollande, qui a évoqué les "blessures" d’une relation bilatérale à "refonder". Il est vrai que l’ex-ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait proposé de mettre le savoir-faire policier français au service de Ben Ali pendant les émeutes de décembre 2010…
Un interlocuteur pour la France à travers l’UPM
Si à Tunis, qui a "montré l’exemple", le président français a volontiers affiché son optimiste sur les révolutions arabes ("Vous portez un espoir qui va bien au-delà du peuple tunisien"), il a semblé plus partagé à Rabat, parlant de ces Printemps "prometteurs mais aussi chaotiques". Tandis qu’à Alger il déclarait diplomatiquement que "chaque pays doit trouver sa voie". Du royaume du Maroc à la Tunisie révolutionnaire en passant par l’Algérie à fleur de peau, François Hollande doit peser ses mots et user de subtiles nuances.
Alors que l’Union du Maghreb arabe (UMA) est encore aux abonnés absents, la France pourrait chercher un interlocuteur régional à travers l’Union pour la Méditerranée (UPM), lancée en 2008 mais encore loin d’être opérationnelle. Le rapport Vauzelle sur "la Méditerranée des projets", remis en octobre 2013, recommande de dynamiser l’espace franco-maghrébin en s’adressant plus particulièrement à la jeunesse de ces pays, qui a fait les révolutions.
Après avoir tourné la page des mauvais souvenirs et des longues rancoeurs, la relance du projet de Sarkozy pour la Méditerranée, revu à la sauce Hollande, pourrait être, paradoxalement, l’occasion d’en écrire de nouvelles, plus apaisées.
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