Tunisie : une nouvelle stratégie pour la lutte antiterroriste

Le colonel-major Mokhtar Ben Nasr est ex-porte-parole de la Défense nationale de Tunisie.

L’armée tunisienne en opération. © AFP

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Publié le 11 décembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Tunisie : ce que vaut vraiment l’armée
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La lutte antiterroriste est longue et coûteuse : c’est une guerre contre un ennemi insaisissable, car furtif, ayant l’avantage de choisir le moment, le lieu et la cible, disposant du temps nécessaire pour planifier et agir. La gagner requiert une stratégie déterminant les menaces, identifiant l’ennemi, mobilisant les moyens disponibles, hiérarchisant les priorités.

La finalité est d’empêcher les terroristes d’attaquer les sites sensibles, les biens et les personnes, de, globalement, menacer l’État. Cela passe par la création d’un environnement inhospitalier pour cet ennemi et ceux qui le soutiennent. Cette mission se décline selon trois grands axes : combat, prévention, coordination. L’action de combat est une action urgente et prioritaire, qui doit être menée simultanément dans plusieurs domaines : sécuritaire, judiciaire, religieux, diplomatique, politique et médiatique.

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Notre propos concerne le volet sécuritaire. Connaître l’ennemi est une règle importante dans le combat, mais notre connaissance reste aujourd’hui incomplète malgré les efforts consentis. La pluralité de nos structures de renseignement impose une parfaite coordination de leurs actions au niveau local et un élargissement de leur co­opération à l’international. Objectif : mieux comprendre les intentions et les techniques de l’ennemi. Face à cette menace globale, la méthode classique de renseignement, qui consiste en la collecte d’information sur les effectifs, les types et les volumes de l’armement de l’adversaire, a montré ses limites. Déjouer les projets d’attentat passe par l’anticipation. Cela nécessite de procéder au renouvellement des méthodes de collecte de l’information, d’orienter les moyens sur les champs du recrutement, de renforcer l’entraînement, d’infiltrer la chaîne de commandement de l’ennemi pour déterminer les modes opératoires choisis, de démanteler ses sources de financement et de contrôler sa communication. Il faut s’approprier la technologie nécessaire et les logiciels adéquats qui permettent l’analyse de ces informations.

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Des pays voisins (Algérie, Libye) et amis (pays de l’Otan, dont la France et les États-Unis) disposent d’une solide expérience dans les techniques de guérilla, d’écoute et de moyens sophistiqués. Il faut multiplier les échanges de renseignements avec ces pays et renforcer nos ambassades avec un personnel qualifié.

L’action de prévention doit permettre de détecter les failles dans la sécurité des sites sensibles, de former les gardiens civils de ces structures sur les techniques de guet et d’alerte, et de défense rapprochée. L’idéal serait que les sociétés de gardiennage recrutent d’avantage parmi les vétérans des forces de l’ordre et les ex-militaires, et qu’ils se dotent de matériel adéquat pour la réussite de cette mission de protection, ce qui permettrait aux forces de sécurité de se concentrer sur la traque de l’ennemi.

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Par ailleurs, nulle stratégie ne saurait être efficiente sans une adaptation de la législation. L’ensemble de la classe politique est tenu de prendre une position ferme à l’égard du terrorisme : responsabiliser les partis, cultiver le sens de l’intérêt national et interdire toute formation politique qui ne condamnerait pas le recours aux armes contre l’État.

Pour atteindre des résultats probants, l’élaboration d’un plan directeur est une exigence de l’heure, sur la base d’une parfaite coordination entre les différents départements de l’État et les segments de la société.

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Annihiler durablement la menace terroriste passe donc par une stratégie nationale multidimensionnelle – politique, sécuritaire, juridique, économique, sociale et culturelle. Cela passe par le renforcement des capacités de notre institution militaire et de celles de l’ensemble des forces de sécurité. C’est la priorité, car le temps joue au profit des cellules terroristes : nous devons les détruire tant qu’elles sont en phase de formation et avant qu’elles ne se consolident, établissent des fiefs imprenables ou ne s’implantent en milieu urbain. Parallèlement, il faut lutter contre tout type de trafic, de crime organisé et de contrebande qui constituent les principales sources de financement du terrorisme. Des opérations de sensibilisation doivent enfin être menées pour convaincre le peuple que ce combat n’est pas celui des institutions mais celui de tous, avec pour doctrine inaliénable : ne jamais négocier avec les terroristes tant qu’ils ne renoncent pas à la violence.

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