Cosmétiques halal

Fawzia Zouria

Publié le 29 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Vous avez eu droit au "jihad sexuel", au "jihad sportif", voici pour finir la série le "jihad cosmétique". De quoi s’agit-il ? D’une gamme de produits de beauté qui arrive en Europe et dont le principe est de permettre à la bonne croyante musulmane de s’enduire de crème à volonté et de se barbouiller de rouge à lèvres sans craindre de consommer à son insu l’une des deux denrées réputées mener en enfer : le cochon et l’alcool. Fidèles zélés, islamistes en herbe et obsédés de la chose halal vont donc pouvoir se faire une beauté sans essuyer les foudres des tenants de la charia. Ils pourront se procurer chez O2M la crème garantie cent pour cent sans graisse de porc et, bientôt, le vernis à ongle halal "qui permet de se laver les mains correctement pour les ablutions". L’emballage est à la hauteur de la foi, l’Orient s’y affiche en couleurs, l’écriture revêt de voluptueuses courbes orientales.

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Il fallait y penser ! La tendance existait déjà dans des pays comme la Malaisie ou l’Arabie saoudite. Le Canada a renchéri avec la gamme OnePure créée par une Canadienne convertie à l’islam, Leyla Mandi, qui susurre : "Les musulmans ne veulent pas sortir et prier cinq fois par jour en ayant des résidus de porc sur le corps !" La Grande-Bretagne a suivi avec la marque Samina Pure Makeup, puis les Pays-Bas avec Shfee Halal Care, lancée en 2008. Pour la France, une certaine Chantal Japhet a concocté le super-sérum halal. Après avoir créé sa gamme en 2007 en Arabie saoudite, elle se lance dans l’Hexagone avec la marque Jamal, en accord avec "les principes dictés par la Mosquée de Paris", à qui, assure-t-elle, elle reverse 1 % des ventes… D’autres produits comme Saaf Skincare arrivent en métropole, et il semble même que de grands groupes français y songent : "Le marché du cosmétique halal est un marché que nous regardons, comme d’autres, compte tenu de notre ambition d’universalisation de la beauté", déclare-t-on chez L’Oréal. Et universaliser le voile, pourquoi ne pas y songer ?

Il y a lieu en effet de s’interroger. D’abord, pourquoi ce sont toujours des Occidentaux de souche qui se mettent les premiers à commercialiser la marchandise dite musulmane ? Faut-il être élevé à l’européenne pour posséder le sens des affaires ? Converties, ces créatrices de produits halal pour les femmes vont même plus loin que le législateur musulman, pour qui il suffit de ne pas boire ni manger ces produits. Plus royalistes que le roi ? Inconscientes des risques ? Curieusement, plus personne ne parle de communautarisme, en l’occurrence. Tous les scrupules face au danger intégriste s’évanouissent, et la laïcité se retrouve sans défenseurs, j’allais dire sans fard. L’Occident sociopolitique pourfendeur des barbes et des tchadors a le chic de passer discrètement la main à l’Occident marchand, lequel s’accommode parfaitement de l’islam qui fait vendre et n’hésiterait pas à booster le marché salafiste en créant des PMU halal, des hôpitaux halal, des voitures halal, etc. Et s’il se faisait greffer un cerveau halal pour se remplir encore plus les poches ?

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