Maroc : les réactions à la condamnation à mort de Brahim Saadoun se multiplient

Condamné à mort le 9 juin, le jeune Marocain est détenu par les forces pro-russes depuis son arrestation en République populaire de Donetsk. Si la diplomatie marocaine a pris acte de ce jugement, les organisations des droits de l’homme locales et internationales commencent à se mobiliser.

Brahim Saadoun, 21 ans, lors de son procès. © Konstantin Mihalchevskiy / Sputnik via AFP

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 20 juin 2022 Lecture : 2 minutes.

Les réactions se multiplient à Rabat depuis l’arrestation de Brahim Saadoun, le combattant marocain de 21 ans accusé d’être un mercenaire, arrêté le 12 mars puis condamné à mort par un tribunal de l’autoproclamée République populaire de Donetsk, une ville tenue par des séparatistes pro-russes dans la région du Donbass*.

Les autorités marocaines ont réagi à l’affaire le 13 juin via l’ambassade du Maroc, qui a déclaré que l’étudiant marocain s’est « enrôlé dans l’armée ukrainienne de sa propre volonté » et qu’il a été « capturé en portant l’uniforme de l’armée de l’État d’Ukraine, en tant que membre d’une unité de la Marine ukrainienne ». Elle a également confirmé que l’intéressé disposait de la nationalité ukrainienne, en plus de la marocaine.

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Réactions multiples

Le 14 juin, plusieurs ONG du royaume ont lancé un appel afin de « sauver » le jeune ressortissant marocain et de lui éviter la peine capitale. La présidente du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Amina Bouayach, a réclamé « une intervention urgente des autorités marocaines ». Le CNDH a également indiqué avoir pris contact avec son homologue russe et contacté de nombreuses instances internationales des droits de l’Homme sur l’affaire Brahim Saadoun.

Une autre ONG, le Collectif marocain contre la peine de mort, a publié un communiqué réclamant aux autorités « d’intervenir de toute urgence pour sauver la vie du citoyen marocain et exiger que la peine de mort ne soit pas exécutée », et demandé à ce que Brahim Saadoun puisse rentrer « en toute sécurité » au Maroc ou dans le pays de son choix.

Le 16 juin, c’était au tour de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) d’appeler Moscou à ne pas appliquer la condamnation à mort du prévenu, tout en veillant à ce que ses conditions de détention soient appropriées et à ce qu’il puisse bénéficier d’une assistance médicale si nécessaire. La CEDH a par ailleurs demandé au Kremlin de lui fournir, dans un délai de deux semaines, « des informations montrant quelles actions et mesures ont été prises ».

« Une entité non reconnue par le Maroc »

Ces réactions interviennent alors que l’ancien étudiant vient d’être jugé et condamné à mort avec deux combattants britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin.

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Au Royaume-Uni, la situation de ces deux ressortissants anglais cause beaucoup d’émoi, et a même suscité une réaction de Boris Johnson, qui s’est personnellement impliqué dans le dossier, demandant à ses ministres de « mettre tout en œuvre » pour obtenir la libération des deux Britanniques.

L’ambassadeur ukrainien au Royaume-Uni, Vadym Prystaiko, conduit actuellement des négociations, et un échange de prisonniers entre les autorités britanniques et russes est à l’étude.

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De son côté, Rabat a souligné que Brahim Saadoun « se trouvait actuellement emprisonné par une entité qui n’est reconnue ni par les Nations unies ni par le Maroc ».

Pour rappel, Rabat n’a pris part à aucun des votes de l’ONU condamnant l’invasion russe en Ukraine. Le royaume avait expliqué que sa décision « ne saurait faire l’objet d’aucune interprétation par rapport à sa position de principe concernant la situation entre la Fédération de Russie et l’Ukraine ».

(*) Cet article, initialement publié le 14 juin, a été réactualisé pour prendre en compte les multiples réactions des autorités marocaines et organisations de la société civile. 

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