Maroc : les coulisses du tête-à-tête entre Mohammed VI et Obama

Mohammed VI à la Maison Blanche, le 22 novembre dernier ? Un événement en soi. Mais qui visait surtout à renforcer le dialogue politique bilatéral. Washington avait en tête les questions de sécurité ; Rabat, le Sahara occidental.

Mohammed VI et Barack Obama, le 22 novembre. © WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Mohammed VI et Barack Obama, le 22 novembre. © WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Publié le 28 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

La visite de Mohammed VI à Barack Obama, le 22 novembre, permettra-t-elle de relancer un dialogue politique ? Il faudrait alors prendre exemple sur la coopération économique. Liés par un accord de libre-échange depuis 2006, les deux pays ont ouvert, en septembre 2012, un dialogue qui se poursuivra début 2014. Une importante délégation économique a précédé le roi aux États-Unis : elle comptait des ministres, dont le très business-friendly Moulay Hafid Elalamy, des chefs d’entreprise (dont Mostafa Terrab, PDG de l’OCP, et Miriem Bensalah-Chaqroun, patronne des patrons), tous chargés de promouvoir la destination Maroc, qui se positionne comme un hub continental pour les affaires. "Il n’y a pas meilleure porte d’entrée en Afrique", expliquait Moulay Hafid Elalamy, le ministre de l’Industrie et du Commerce, dans le magazine Forbes. Une conférence sur le thème du développement des affaires est prévue pour février 2014 au Maroc.

Une conférence sur le dialogue interconfessionnel

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Les échanges entre les deux chefs d’État dans le bureau ovale, le 22 novembre, ont aussi porté sur des questions plus politiques, notamment la sécurité dans la zone sahélo-saharienne et ce que la Maison Blanche appelle pudiquement la "violence extrémiste". Il a également été question de l’organisation par le Maroc, en 2014, d’une conférence sur le dialogue interconfessionnel. La visite de Mohammed VI intervient après des semaines tendues entre Rabat et Alger à propos de la question du Sahara occidental. En avril, Susan Rice, alors ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a appuyé l’extension du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) au respect des droits de l’homme. Bien que siégeant au Conseil de sécurité, le Maroc avait été pris de court par cette proposition jugée hostile à ses intérêts. Après avoir suspendu des manoeuvres militaires conjointes, le royaume avait obtenu une résolution moins contraignante.

Pour le Maroc, la question du Sahara est une priorité nationale, même au prix d’une guerre froide avec l’Algérie.

Depuis, Susan Rice a été nommée conseillère à la sécurité nationale. Elle a plus que jamais l’oreille de Barack Obama, même si ce dernier décide souvent seul – sur la Syrie par exemple. Pour le Maroc, la question du Sahara est une priorité nationale, même au prix d’une guerre froide avec l’Algérie. Les États-Unis placent la lutte antiterroriste en tête de leurs objectifs dans la région et maintiennent de bonnes relations tant avec Rabat qu’avec Alger. Le Maroc, lui, cherche à regagner le terrain perdu depuis le départ de Hillary Clinton, la secrétaire d’État, qui qualifiait le plan marocain d’autonomie au Sahara de proposition "sérieuse, réaliste et crédible". Une position que le Maroc souhaite pérenniser. En rappelant au besoin à ses interlocuteurs d’outre-Atlantique qu’il a été le premier pays au monde à reconnaître les États-Unis d’Amérique. C’était en 1777.

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