Annulation du vol britannique de migrants vers le Rwanda : Londres et Kigali inflexibles
Avec son projet controversé d’envoyer au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni, Londres prétend freiner les traversées illégales de la Manche. Mais le premier vol n’a pas décollé.
![](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1256,height=628,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2022/06/15/capture-1256x628-1655283137.png)
Le Boeing 767 qui était censé emmener des migrants expulsés du Royaume-Uni vers le Rwanda, à la base militaire d’Amesbury, le 14 juin 2022. © AFP
C’est un revers majeur pour le pacte migratoire qui unit Londres à Kigali. Après l’annulation, en raison de recours judiciaires, du premier vol censé expulser mardi 14 juin des migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda, le gouvernement rwandais a affirmé mercredi qu’il n’était « pas découragé » et qu’il restait « engagé » dans ce partenariat.
« Le Rwanda reste pleinement engagé à œuvrer pour que ce partenariat fonctionne, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo. La situation actuelle, dans laquelle des personnes effectuent des voyages dangereux, ne peut plus durer car elle cause des souffrances indicibles à tant de personnes. Le Rwanda se tient prêt à accueillir les migrants lorsqu’ils arriveront et à leur offrir sécurité et opportunités dans notre pays. »
Politique « immorale »
Ce premier vol, qui devait décoller du Royaume-Uni à destination du Rwanda mardi soir, a été annulé à la suite d’une décision de dernière minute de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Avec son projet d’envoyer des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni à plus de 6 000 km de Londres, le gouvernement entend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d’augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l’immigration depuis le Brexit.
Cette politique a été qualifiée d’« immorale » par les responsables de l’église anglicane et a suscité de fortes critiques de l’agence des Nations unies pour les réfugiés jusqu’au prince Charles, qui juge le projet « consternant », selon le Times.
« On ne nous découragera pas »
Face à ce revers cinglant, le gouvernement britannique s’est montré inflexible, envisageant même, selon le quotidien conservateur The Telegraph, de reconsidérer son adhésion à la Convention européenne des droits de l’homme. « On ne nous découragera pas de faire ce qu’il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, ajoutant que l’équipe juridique du gouvernement « examine chaque décision prise sur ce vol ». « La préparation du prochain vol commence maintenant », a-t-elle ajouté.
En vertu de son accord avec Kigali, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de quelque 140 millions d’euros. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré qu’elle ne pouvait pas chiffrer le coût du vol charter – estimé à plus de 288 000 euros – mais a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un « bon rapport qualité-prix » pour réduire le coût à long terme de la migration irrégulière.
Avec AFP
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Bénin-Niger : dans les coulisses de la médiation de la dernière chance
- Au Togo, le business des « démarcheurs », ces arnaqueurs qui monnaient la justice
- Qui entoure Mele Kyari, président de la NNPC, l’État dans l’État au Nigeria ?
- Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, sur les terres de Simone à Bonoua
- Alafé Wakili : « Aucun pays n’est à l’abri d’un coup d’État »