Mauritanie : lueurs d’espoir
Mauritanie : Aziz au banc d’essai
Ceux qui reviennent du pays sont unanimes : quelque chose bouge en Mauritanie. Et même très fortement. Des élections municipales et législatives vont s’y tenir le 23 novembre et le 4 décembre, et ce n’est pas qu’une simple échéance électorale : depuis 2006 le mandat des députés et des conseillers municipaux n’avait pas été renouvelé, faute de consensus dans la classe politique. Cette fois, majorité et opposition se sont enfin entendues, du moins en partie.
Les prochaines élections feront donc date dans les annales politiques nationales. Pas moins de 20 sièges sur les 147 de la future Assemblée nationale seront en effet réservés aux Mauritaniennes. Un tournant en soi dans le pays. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la tenue des scrutins législatif et municipal coïncide avec le retour au bercail des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam). Après vingt-sept années d’exil, les principaux dirigeants du mouvement interdit en 1986 sont revenus. Leur retour va nourrir les débats au sein de la société civile et témoigne d’une ouverture démocratique.
Une autre bonne nouvelle, sur le plan économique cette fois : la conclusion de l’accord de pêche avec l’Union européenne. Il va non seulement rapporter pas moins de 110 millions d’euros au budget national, mais surtout garantir la préservation des ressources halieutiques et les intérêts des petits pêcheurs mauritaniens. Ce compromis va, de toute évidence, contribuer au renforcement d’une économie dont le taux de croissance ne peut faire que des envieux : 6,4 % en 2013, et autant annoncé en 2014. Avec des réserves de changes estimées à près de 960 millions de dollars (714 millions d’euros), la Mauritanie joue désormais dans la cour des grands sur le continent.
Mais attention, de nombreux défis restent à relever. Et pas des moindres… D’abord, la Mauritanie doit trouver sa place dans son environnement régional. Entre les "grands frères" algérien et marocain d’un côté, la Tunisie postrévolutionnaire qui peine à trouver sa voie et la Libye – au bord du chaos – de l’autre, ce n’est pas gagné d’avance.
Ensuite, les "pesanteurs" sociales telles que les violences faites aux femmes et l’esclavage demeurent encore très fortes. En milieu rural, la pauvreté touche jusqu’à 70 % de la population, contre moins de 20 % à Nouakchott et à Nouadhibou, ce qui apparaît comme un signe évident d’accaparement des richesses par les élites urbaines.
La démocratie semble elle aussi encore très perfectible. Et c’est un euphémisme. Le boycott des municipales et des législatives par une partie non négligeable de la classe politique sonne comme un échec des palabres à la mauritanienne.
Il faut donc espérer que, très vite, le pays retrouve les moyens d’associer toutes les sensibilités à la gestion des affaires publiques. C’est sans doute la meilleure voie pour qu’il surmonte les obstacles importants placés sur le chemin des progrès socio-économiques. L’espoir qu’il y parvienne est permis. Surtout au regard des bons signaux donnés ces dernières semaines. La Mauritanie avance !
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