ONU : le quatuor dissonant des droits de l’homme
La Chine, la Russie, l’Arabie saoudite et Cuba ont été élues au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Problème : ces quatre États sont loin d’être exemplaires.
À partir du 1er janvier prochain, l’Arabie saoudite, la Chine, Cuba et la Russie auront pour mission de protéger et de promouvoir les droits de l’homme dans le monde. Ce n’est pas une plaisanterie, mais une décision on ne peut plus sérieuse. Elle émane de l’Assemblée générale des Nations unies, qui, le 12 novembre, a élu ces pays (et, par ailleurs, quatre pays africains : le Maroc, l’Algérie, l’Afrique du Sud et la Namibie) au Conseil des droits de l’homme, l’une des grandes institutions onusiennes basées à Genève.
Aux côtés des 43 autres membres du Conseil, ces quatre nouveaux venus au profil atypique seront habilités à évaluer l’état des libertés sur les cinq continents et, pendant au moins trois sessions ordinaires annuelles, à étudier les éléments d’information présentés par les ONG et les États. Mais avec quelle légitimité ?
L’Arabie saoudite en tête du palmarès des exécutions capitales
L’Arabie saoudite a été élue au moment où ses ressortissantes se battaient pour obtenir le droit de conduire une voiture. Le royaume caracole en tête du palmarès mondial des exécutions capitales. Et, comme cela arrive périodiquement, il vient de procéder à une vague d’expulsion d’immigrés éthiopiens, dans des conditions inhumaines et dégradantes.
La Russie, quant à elle, a rejoint le Conseil alors que la communauté internationale se mobilisait en faveur des militants de l’ONG Greenpeace, arrêtés en septembre pour avoir mené une action pacifique sur une plateforme de l’Arctique. Accusés de "piraterie" maritime, ils risquent jusqu’à quinze ans de prison. Les opposants au régime de Vladimir Poutine sont incarcérés, et les médias font régulièrement l’objet de menaces.
La crédibilité des Nations unies affectée
La situation n’est guère plus brillante à Cuba ou en Chine, qui poursuit une campagne de répression au Tibet et emprisonne les dissidents. À La Havane comme à Pékin, l’accès à internet est étroitement surveillé.
Que visent donc ces pays en siégeant au Conseil des droits de l’homme ? Car, comme le précise son texte fondateur, "les États membres sont soumis à une procédure d’examen périodique au cours de leur mandat pour s’assurer qu’ils respectent eux-mêmes les normes qu’ils sont chargés de défendre". Pour les ONG, le but des quatre nouveaux membres est clair : prendre en otage le Conseil, bloquer ses travaux et multiplier les manoeuvres dilatoires. Calcul ou pas, leur entrée dans ce cénacle a déjà fait une victime : les Nations unies, dont la crédibilité est sérieusement affectée, alors que son impuissance à protéger les populations civiles en Somalie ou en RD Congo avait déjà entamé la confiance que les citoyens placent en elle. L’institution n’est plus aujourd’hui perçue que comme une grosse machine, peu efficace, dépensière et pléthorique. Ce n’est pas cette étrange élection qui contribuera à améliorer son image.
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