Peinture : on a retrouvé le trésor des nazis
Les douanes allemandes ont mis la main sur 1 406 tableaux de maîtres confisqués dans les années 1930. Valeur estimée : 1 milliard d’euros.
Il n’était personne et vivait au milieu des géants de l’art moderne. C’est un banal voyage en train entre l’Allemagne et la Suisse, en septembre 2010, qui l’a perdu. Face aux douaniers qui lui demandaient d’expliquer pourquoi il portait sur lui quelque 9 000 euros, Cornelius Gurlitt n’a rien trouvé à dire. Les enquêteurs ont alors découvert que ce curieux voyageur n’existait pour aucune des administrations de son pays. Ils se sont donc rendus chez lui, et là, derrière des montagnes de boîtes de conserve avariées, ils ont découvert un invraisemblable trésor : 1 406 tableaux signés Renoir, Klee, Matisse, Kokoschka, Beckmann, Picasso, Chagall et quelques autres, dont l’évaluation basse avoisine le milliard d’euros.
300 tableaux de l’exposition "art dégénéré"
L’enquête n’a pas été bien longue. Le père de Cornelius n’était autre que Hildebrand Gurlitt, historien d’art et marchand décédé en 1956. Au-dessus de tout soupçon ? Pas vraiment. Si, dans les années 1930, il avait été démis de ses fonctions de directeur du König Albert Museum de Zwickau en raison de son attitude trop conciliante envers certains artistes déjà ostracisés par les nazis, il s’était vite rapproché des autorités du IIIe Reich jusqu’à devenir un acheteur attitré du Führermuseum qu’Adolf Hitler souhaitait bâtir à Linz, en Autriche. Après l’exposition consacrée par les nazis à ce qu’ils considèrent comme un "art dégénéré", Gurlitt père est même chargé, avec d’autres, de vendre les oeuvres ayant échappé à la destruction. L’art est peut-être "dégénéré", mais il rapporte ! C’est sans doute à cette occasion que le marchand rassemble, à bas prix, son incroyable collection. Parmi les tableaux retrouvés chez son fils, 300 figuraient en effet dans l’exposition "Entartete Kunst".
Comment a-t-il pu par la suite échapper aux limiers qui ont enquêté sur les spoliations nazies ? C’est simple : il a affirmé que toute sa collection avait été détruite lors du bombardement de Dresde, en février 1945. Tout le monde a retenu que ce petit-fils d’une Juive avait été évincé en 1930. Mais personne que, trois ans plus tard, il s’était rallié au Reich.
Pendant plus de deux ans, les autorités allemandes sont restées discrètes sur cette découverte qui ne manquera pas de susciter de voraces appétits. Selon la convention de Washington de 1998, les oeuvres spoliées doivent être restituées à leurs propriétaires légitimes, s’ils peuvent prouver leurs droits. Et, bien entendu, une telle histoire ne fait qu’ajouter de la valeur aux oeuvres.
De haut en bas et de gauche à droite : Kirchner, Matisse, Courbet et Otto Dix. La valeur totale des 1406 oeuvres retrouvées est d’au moins un milliard d’euros.
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