Maroc-Europe : le royaume à l’épreuve du multilatéralisme

« Maroc : diplomatie tous azimuts » (1/5). Face à la lenteur bureaucratique d’institutions multilatérales comme l’UE et l’ONU, le Maroc a opté, ces dernières années, pour une approche bilatérale de ses relations avec l’Europe.

Le roi Mohammed VI avec le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, à Salé, le 7 avril 2022. © Moroccan Royal Palace via AP/SIPA

Soufiane Khabbachi. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 25 août 2022 Lecture : 8 minutes.

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Maroc : la stratégie diplomatique de Rabat

Depuis plusieurs années, le Maroc a réorienté toute sa diplomatie autour de la seule question du Sahara occidental. Tour d’horizon des états de service d’une diplomatie hyperactive.

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C’est une décision de justice qui est mal passée au royaume. Le 29 septembre 2021, le tribunal de l’Union européenne (UE) retoque deux accords de libre-échange portant sur la pêche et les produits agricoles entre l’UE et Maroc, dont le contenu faisait du Sahara occidental une partie intégrante du royaume.

Pour appuyer sa sentence, la Cour de justice de l’UE a notamment expliqué que ces accords ont été conclus sans le consentement du peuple sahraoui.

Rabat a réagi en dénonçant une décision « incohérente, contradictoire, biaisée politiquement et juridiquement », assurant au passage qu’il ne s’agissait que d’un « fait divers » qui n’impactera en rien ses relations avec l’UE.

Un message clair de Mohammed VI

Ce camouflet commercial illustre les difficultés que rencontre le Maroc pour faire prévaloir sa position sur le Sahara au sein des institutions européennes. Ces dernières, confrontées à la cohabitation d’une multitude de nationalités, doivent composer avec les différentes interprétations, liées aux positionnements politiques divergents de ses États membres. Des considérations qui rendent presque impossible l’adoption d’une position commune sur ce dossier pourtant central pour la diplomatie marocaine.

Mais accepter le statu quo et prendre son mal en patience n’est plus dans les habitudes du Maroc, qui a fait de la question de « ses Provinces du Sud » l’alpha et l’oméga de ses relations internationales. Le 20 août, à l’occasion de la fête dite de la Révolution du roi et du peuple, Mohammed VI n’a pas dit autre chose : « Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. »

Et pour faire progresser sa ligne sur le Sahara en Europe, le Maroc privilégie désormais la stratégie bilatérale.

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« Il faut examiner chaque situation au cas par cas, et regarder quel rapport entretient chaque État avec le Maroc et l’Algérie », résume Pierre Vermeren, historien spécialiste du Maghreb et des mondes arabo-berbères.

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