Sahel : ONU, UA, Banque mondiale, BAD… tous en choeur !
Les patrons de l’ONU, de l’UA, de la Banque mondiale et de la BAD étaient en tournée au Mali, au Burkina, au Niger et au Tchad du 4 au 7 novembre. Objectif : harmoniser leur action en matière de développement et de sécurité.
En achevant le 7 novembre par N’Djamena une tournée conjointe au Sahel, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, Andris Piebalgs, le Commissaire européen au développement, Nkosazana Dlamini-Zuma, Jim Yong Kim et Donald Kaberuka, respectivement présidents de la Commission de l’Union africaine (UA), de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD), tenaient à montrer que la communauté internationale sait tirer les leçons de ses échecs. Au Rwanda, en Somalie, au Soudan… où son action avait été jugée tardive.
"Nous sommes venus dire aux peuples du Sahel que nous ne les abandonnons pas", a déclaré Ban Ki-moon à Bamako, lors de la réunion de présentation d’une stratégie commune pour la région. Au-delà de son aspect symbolique, cette tournée au Mali, au Burkina, au Niger et au Tchad visait à instituer une méthode de travail qui synchronise les interventions et crée des complémentarités. Un changement total de culture pour ces organisations internationales habituées à agir chacune dans son coin. "La complexité de la situation nous impose de mieux harmoniser notre travail. Mais toujours sous le leadership des États", a expliqué Donald Kaberuka à J.A.
>> Lire aussi : Ban Ki-moon plaide pour les droits des femmes au Sahel
Chaque institution intervient dans son domaine
Cette démarche avait déjà été testée dans le cadre des discussions sur "une meilleure efficacité de l’aide publique au développement", organisées à Paris, Accra et Tunis. Mais cette tournée marque une rupture de paradigme : désormais, chaque institution interviendra en priorité dans le domaine où elle dispose d’un avantage comparatif. La BAD s’occupera des infrastructures, de la gestion de l’eau et des appuis budgétaires. Kaberuka a ainsi annoncé la mobilisation immédiate de près de 4 milliards de dollars (environ 3 milliards d’euros) en faveur des pays du Sahel, dont la moitié ira aux plus vulnérables (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). La BM et l’UE s’occuperont des secteurs sociaux, de l’aide aux plus démunis et du renforcement de l’État de droit. Les deux institutions ont promis respectivement 1,5 milliard de dollars pour les deux prochaines années et 5 milliards d’euros sur sept ans. Les aspects politiques et sécuritaires relèveront, eux, de l’ONU et de l’UA.
Les dessous de la tournée
La tournée a bien failli être annulée après l’assassinat, le 2 novembre à Kidal, dans le Nord-Mali, de deux reporters de Radio France Internationale. Il a fallu la forte insistance des autorités maliennes pour convaincre les organisateurs de la maintenir dans son intégralité. Par ailleurs, les dix sièges réservés aux médias dans l’avion où avaient pris place, à New York, les membres de la délégation ont tous été accaparés par… des journalistes américains. Un "privilège" assez peu compréhensible et médiatiquement contre-productif.
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