Présidentielle malgache : deux parrains, deux poulains…
L’un est soutenu par le président déchu, l’autre par son tombeur. La compétition qui oppose Robinson et Hery au second tour de la présidentielle a tout l’air d’une élection en trompe l’oeil…
Qu’on ne s’y trompe pas. Le 20 décembre, date du second tour de l’élection présidentielle, ce n’est pas un, mais deux duels que les 7,8 millions d’électeurs malgaches devront arbitrer. Robinson Jean-Louis face à Hery Rajaonarimampianina, autant dire Marc Ravalomanana face à Andry Rajoelina. "C’est la crise de 2009 qui va enfin se jouer dans les urnes", souligne l’historien et éditorialiste Denis-Alexandre Lahiniriko.
Sans surprise, les deux favoris de ce scrutin, qui sont aussi les poulains respectifs du président déchu et de son tombeur, sont arrivés en tête du premier tour le 25 octobre. Selon les résultats provisoires de la commission électorale publiés le 8 novembre, Robinson l’emporte avec 21,1 % des voix, devant Hery (15,9 %). Plusieurs candidats qui dénoncent des irrégularités ont déposé des recours, mais il y a peu de chances que l’identité des deux finalistes change.
>> Lire aussi : une bataille de second couteaux
À la pêche au ralliement
Six points d’avance pour Robinson, "ce n’est pas satisfaisant, on espérait mieux", explique Guy Rivo Randrianarisoa, son porte-parole. Pas suffisant surtout pour crier victoire. "Robinson a recueilli 950 000 voix. Pour gagner, il faudra obtenir 2,3 ou 2,4 millions de voix. C’est un fossé énorme !" analyse l’un des perdants.
D’ores et déjà, les équipes des deux finalistes sont parties à la pêche aux ralliements. À la vingtaine de "petits" candidats qui, dans un contexte de vote ethnique très marqué, peuvent apporter un vivier de voix non négligeable dans leurs fiefs, on promet un poste de député (les législatives auront lieu le même jour que le second tour). Avec les autres, ceux qui pèsent plus de 4 %, les tractations s’annoncent plus crispées.
Sur les cinq principaux perdants, quatre ont cheminé avec Rajoelina et Hery ces dernières années. Ils devraient appeler à voter pour ce dernier. Mais, comme le souligne un candidat, "la logique n’a pas sa place chez nous". Rien ne dit que Hajo Andrianainarivelo (3e avec 10,5 % des suffrages), Camille Vital (5e, 6,8 %) et Edgard Razafindravahy (7e, 4,3 %), qui ont le sentiment d’avoir été trahis par Rajoelina quand celui-ci leur a préféré son ancien ministre des Finances, soutiendront Hery. Roland Ratsiraka (4e, 9 %), dont le poids dans l’Est est important, a, lui, annoncé qu’il ne choisirait pas entre la peste et le choléra.
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