Qatar Economic Forum : comment Doha tente de peser sur le cours du monde

Nouveau rendez-vous annuel incontournable des grands dirigeants du monde, le forum économique qatari s’est ouvert ce 20 juin. Un espace de négociations intéressant en cette période de guerre en Ukraine, le Qatar étant leader dans le domaine du gaz naturel.

À Doha, le 30 mars 2022. © Ante Cizmic/CROPIX/SIPA

BOUSSOIS PRO 2 (1)
  • Sébastien Boussois

    Docteur en sciences politiques, spécialiste des relations euro-arabes et collaborateur scientifique du Cecid (Université libre de Bruxelles), auteur d’« Émirats arabes unis, à la conquête du monde » (éd. Max Milo).

Publié le 21 juin 2022 Lecture : 3 minutes.

Du 20 au 22 juin se tient le deuxième « Qatar Economic Forum » (QEF). Un évènement prestigieux de plus dans la palette qatarie. Au-delà d’une plateforme de médiation de plus sur la scène internationale, le Qatar cherche à organiser des forums susceptibles d’infléchir les grandes décisions mondiales. C’était déjà le cas d’au moins deux d’entre eux : le Forum de Doha qui accueille chaque année des milliers de participants dont de nombreux dirigeants du monde entier ; Wise, le World International Summit on Education, devenu en l’espace de peu de temps, le premier salon mondial sur l’éducation.

Beaucoup de ces espaces d’échanges sont aussi, en off, des lieux de négociations, de tractations, de relations bilatérales à une période où le multilatéralisme est mis à mal et où les grandes organisations internationales comme les Nations unies ne parviennent plus à assumer pleinement leur rôle et n’ont cessé de perdre en autorité et en crédibilité.

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Soft power dynamique

Doha a l’habitude des grand-messes : en vingt ans, plus de 450 tournois internationaux sportifs et évènements culturels ont été organisés, comme ce sera le cas de la Coupe du Monde 2022, la première de l’histoire dans un pays arabe, qui démarrera en novembre prochain. Le Qatar a été propulsé sous les projecteurs grâce à sa diplomatie culturelle et son soft power extrêmement dynamique.

Le Qatar Economic Forum s’inscrit dans la même veine : à l’heure où les défis économiques se multiplient, et dans un contexte de guerre qui accentue la pression mondiale, il faut pouvoir offrir des plateformes d’interactions qui permettent aux différents acteurs internationaux de se rencontrer. Le Forum de Davos a fait des émules avec le Crans Montana Forum, et désormais le QEF.

Le PDG de Media City, Ali bin Abdullah bin Khalifa Al Thani, également président du Comité suprême qui organise le QEF, a déclaré que le Qatar était prêt à accueillir les dirigeants, les décideurs, les chefs d’entreprise et les représentants du monde entier pour cet évènement piloté par la chaîne américaine Bloomberg.

Expertise

Bénéficiant d’un emplacement stratégique qui le relie à l’Asie, l’Afrique et au reste du monde, le Qatar a tous les atouts pour promouvoir un tel forum.  Plaque tournante diplomatique importante, il est aussi leader dans le domaine du GNL (gaz naturel liquide) et joue un rôle majeur au moment où l’invasion russe de l’Ukraine pousse les dirigeants européens à revoir leur dépendance au gaz livré par Moscou.

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Les participants du QEF partageront leur expertise sur des sujets variés dans le domaine du management et débattront de sujets divers tels que le leadership des femmes dans l’entreprise, l’avenir de l’énergie, le développement durable, la transformation numérique ainsi que les tendances de la finance mondiale. Malgré la pandémie, l’édition de l’année dernière avait attiré 600 orateurs en distanciel. Le forum, qui s’était tenu par vidéoconférence, comptait 11 dirigeants d’État, ainsi que des hauts responsables gouvernementaux, des organisations internationales, des entreprises et des experts de plus de 120 pays.

Réduire l’écart entre l’Est et l’Ouest

Concernant les objectifs de la deuxième édition du forum, Al Thani a déclaré : « Nous attendons avec impatience, grâce au dialogue qui réunira des experts mondiaux et des décideurs clés, de discuter de solutions à un certain nombre de défis économiques mondiaux les plus urgents, allant de la durabilité à la crise mondiale de la chaîne d’approvisionnement et à l’avenir de la technologie financière. Par conséquent, les gouvernements et les entreprises doivent agir ensemble plus que jamais afin de résoudre l’équation de la reprise économique mondiale et réduire l’écart grandissant entre l’Est et l’Ouest. Nous espérons que le Forum économique du Qatar, en coopération avec Bloomberg, sera une plate-forme majeure pour y parvenir. »

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