Africa CEO Forum 2022 : paver la voie pour une croissance durable

Pour ses 10 ans, et après deux années d’absence pour cause de pandémie, le plus grand rendez-vous du secteur privé africain s’est concentré sur les moyens à mettre en œuvre pour créer davantage de richesses tout en défendant la souveraineté du continent.

Cérémonie d’ouverture de l’Africa CEO Forum 2022. De gauche à droite : les président sénégalais et nigérien, Macky Sall et Mohamed Bazoum et le vice-président de Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné. © Verge Guehi/AFRICA CEO FORUM.

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Publié le 28 juin 2022 Lecture : 5 minutes.

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Africa CEO Forum 2022 : les nouveaux chemins de la prospérité

Les 13 et 14 juin, 1500 décideurs se sont rassemblés à Abidjan pour tracer les voies de la croissance africaine de demain, dans le cadre de l’Africa CEO Forum, dont on célébrera les dix ans d’existence. Une édition placée sous le signe de la transition énergétique et de la transformation économique.

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« Le temps presse. » C’est sur cette sentence que le directeur général d’IFC, Makhtar Diop a commencé son discours lors de la cérémonie d’ouverture de la 8e édition de l’Africa CEO Forum (ACF), le 13 juin, à Abidjan. Devant une assemblée de plus de 1 800 participants, enchantés à l’idée de se retrouver – en chair et en os – après plus de deux ans d’une quasi-disparition de ce genre d’événements du genre, le Sénégalais n’a pas pris de chemin détourné pour rappeler le contexte de crises (sanitaire, alimentaire, climatique…) aux conséquences desquelles le continent doit faire face.

Il a ainsi souligné la nécessité d’accélérer la coopération entre acteurs publics et privés, notamment dans trois secteurs prioritaires : l’alimentation, le logement et l’inclusion financière. Et ce même message d’urgence, le dirigeant l’a à nouveau martelé en clôture de forum, le lendemain, quand le rideau est tombé sur plus de quarante-huit heures d’échanges au sein de l’emblématique Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire. « Nous vivons un moment décisif pour l’Afrique, car le continent doit réinventer son avenir », a-t-il affirmé.

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Quelques minutes avant lui, Amir Ben Yahmed, président-fondateur de l’ACF et directeur général de Jeune Afrique Media Group*, dépeignait le changement de paradigme : « Le monde devient multipolaire. C’est une opportunité historique, qui doit permettre à l’Afrique de gagner son autonomie. » Dans un environnement complexe, il est devenu impérieux et pertinent de mettre en place des stratégies de développement pour renouer avec la croissance africaine. Que l’Afrique saisisse à pleines mains sa souveraineté économique.

Florilège de solutions

« Miser sur l’investissement massif dans l’agriculture », ont plaidé de concert Albert Zeufack, l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, et Georges Wega, directeur délégué des réseaux bancaires internationaux pour la région Afrique, bassin méditerranéen et outre-mer, à Société générale, lors d’une table ronde consacrée à la sortie de crise. « Emprunter le chemin de la souveraineté alimentaire », a ajouté l’ancien Premier ministre du Bénin et cofondateur de la banque d’affaires SouthBridge, Lionel Zinsou, rappelant que sur l’année écoulée les revenus d’exportation ont été légèrement supérieurs à ceux destinés aux importations, ce qui est un atout. Ou encore, et dans une autre assemblée, « investir dans le climat pour respecter à la fois l’environnement et lutter contre la pauvreté », a avancé Mahmoud Mohieldin, nouveau champion de haut niveau de l’ONU pour l’action climatique.

Un florilège de résolutions et de conseils qui ont découlé des quelque soixante panels, études de cas, ateliers et autres groupes de travail, destinés à voir émerger un dialogue concret entre secteur public et secteur privé à propos de l’avenir économique de l’Afrique. Sans compter les discussions informelles, le réseautage et la conclusion de deals, qui constituent l’ADN de l’ACF et sont l’occasion de prendre le pouls du moral des dirigeants africains.

Cinq chefs d’État

Au plus fort de l’affluence, près de 1 800 participants ont répondu présent à cette nouvelle édition de l’Africa CEO Forum. Parmi eux, se sont retrouvés plus de 800 dirigeants d’entreprises privées, une centaine de hauts responsables et décideurs politiques et 150 fonds d’investissement, tous originaires de 70 pays à travers le monde. Pas moins de cinq chefs d’État – Alassane Ouattara (hôte), Macky Sall (Sénégal), Nana Akufo-Addo (Ghana), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Mohamed Bazoum (Niger) – ont présidé à ces rencontres, auxquelles ont également participé Yemi Osinbajo, le vice-président du Nigeria, Tiémoko Meyliet Koné et Patrick Achi, respectivement vice-président et Premier ministre de la Côte d’Ivoire, ainsi que Rose Christiane Ossouka Raponda, Première ministre du Gabon.

La convergence de crises diverses offre au continent une occasion unique d’opérer les changements structurels nécessaires à la transformation de nos économies

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Très concernés par les préoccupations de leurs homologues du privé, les chefs d’État et membres de gouvernement ont directement échangé dans le cadre d’un panel ou des trois sessions « Invest in… » (Sénégal, Mauritanie, Gabon, Côte d’Ivoire pour l’édition 2022 de l’ACF) pour attirer les investisseurs dans leurs économies.

« La convergence de crises diverses offre au continent une occasion unique d’opérer les changements structurels nécessaires à la transformation de nos économies. L’Afrique est à un point d’inflexion, cette crise doit devenir un moment de transformation structurelle », a notamment évoqué le président ivoirien qui a réussi, le lendemain du Forum, à lever 25 milliards d’euros pour le Plan national de développement (PND) du pays.

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La Première ministre gabonaise a, elle aussi, pu présenter le Plan d’accélération de la transformation (PAT) – programme de reprise de 3 000 milliards de F CFA (4,5 milliards d’euros) destiné à sortir le pays d’Afrique centrale de la récession dans laquelle l’a plongée la crise sanitaire. Sont visées, avec l’appui nécessaire du secteur privé, la construction et la mise en œuvre d’un ensemble d’infrastructures stratégiques dans la sous-région.

Messages concrets

Dans les salles de conférences, le lien entre secteurs privé et public apparaît évident. Pour avancer, l’un ne peut aller sans l’autre. Ce qu’ont reconnu en particulier les acteurs de l’industrie minière présents à l’ACF, tentant à la fois d’obtenir le soutien de leurs homologues dans les énergies « vertes » et celui des autorités disposant du pouvoir d’infléchir sur la réglementation. « Les secteurs public et privé doivent travailler ensemble pour obtenir les fonds et les investissements nécessaires au développement de cette industrie verte et des énergies renouvelables », a reconnu le dirigeant d’une multinationale de l’énergie. Et d’ajouter : « Mais tous ces fonds ne seront pas débloqués sans des stratégies nationales appropriées garantissant un résultat concret aux institutions et aux investisseurs internationaux. »

L’assertion est similaire dans l’agro-industrie, en témoigne cette remarque de la Camerounaise Kate Fotso, PDG de Telcar Cocoa : « L’Afrique est un potentiel. La réalisation de la souveraineté économique du continent appelle chacun d’entre nous, et pas seulement les politiques, à prendre des mesures concrètes qui font avancer l’Afrique dans cette direction, et cela commence par un changement de mentalités. »

* L’Africa CEO Forum 2022 a été coorganisé par Jeune Afrique Media Group et IFC (Société financière internationale, membre du Groupe de la Banque mondiale).

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