Mercenaires de tous les pays, unissez-vous !
L’État malien ne peut plus les payer ? Qu’à cela ne tienne ! Dans certaines zones, les hommes du groupe Wagner refusent de quitter leur camp et de patrouiller avec les Famas.
Qu’il suscite craintes ou espoirs, le nom de « Wagner » ne laisse personne indifférent. Pour certains, ses mercenaires sont des fascistes, l’un des fondateurs de ce groupe paramilitaire russe, Dmitri Utkin, arborant des tatouages Waffen-SS. Le nom de l’entité est lui-même un hommage à Richard Wagner, le compositeur préféré d’Adolf Hitler. Pour d’autres, ils seraient les avatars glorieux de la politique anticolonialiste de Vladimir « Che » Poutine. Les hommes qui écument le Mali, la République centrafricaine, la Libye, le Mozambique ou le Soudan sont pourtant mus par une motivation bien moins idéologique : leurs émoluments.
Rien d’étonnant. Businessman de la guerre, un mercenaire est un soldat qui sert un gouvernement étranger, à prix d’argent, souvent dans des missions proches de celles d’agents de sécurité. Si le gouvernement malien rechigne à reconnaître la présence de miliciens de Wagner, n’évoquant généralement que des « formateurs russes », le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a affirmé, le 25 avril, détenir un membre du groupe. Quant aux manifestants qui battent de temps à autre le pavé bamakois en soutien à la junte, ils n’hésitent pas à brandir des banderoles sans équivoque sur lesquelles on peut lire : « Merci Wagner. »
Wagner en grève
Le problème, c’est que les difficultés financières rencontrées par l’État malien, notamment du fait des sanctions internationales, auraient conduit, selon des sources françaises et maliennes, à un retard de paiement de la solde destinée aux Russes, et cela depuis la fin avril. Grincheux, certains d’entre eux ont refusé de quitter leur camp et d’effectuer certaines patrouilles aux côtés des Forces armées maliennes (Famas), en particulier dans les zones de Tombouctou, de Hombori et de Sévaré.
Sont-ils syndiqués ? L’histoire ne le dit pas, tant l’opacité est de mise dans tout ce qui entoure le groupe. Mais il s’agirait bien d’un mouvement de grève. Ni plus ni moins. Et en attendant d’obtenir gain de cause, ils n’hésiteraient pas à voler denrées alimentaires et bijoux dans les villages des alentours. Confirmant ainsi la rumeur qui veut qu’en Centrafrique comme au Mali ils ont pris l’habitude de « se servir sur la bête ».
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