Présidentielle algérienne : Bouteflika et les autres

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Publié le 13 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Le temps passe, les problèmes s’accumulent et les interrogations demeurent. À moins de six mois de la présidentielle, prévue en avril 2014, les Algériens ne sont guère plus avancés. Deux candidats déclarés, l’ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, et l’ex-ministre délégué au Trésor, Ali Benouari, c’est peu, compte tenu des enjeux et des délais. Les autres ? Apparemment suspendus aux lèvres d’un Abdelaziz Bouteflika mutique, qui ne laisse rien transparaître de ses intentions. Se présentera-t-il pour un quatrième mandat ? Jouera-t-il les prolongations, deux petites années supplémentaires, accompagné d’un vice-président qui ressemblerait à un dauphin que l’on prépare (enfin) ? En restera-t-il à ce qu’il avait annoncé, certes de manière subliminale, lors de son discours de Sétif en mai 2012 : sa génération est arrivée au bout de son chemin et doit passer le témoin ? Mystère.

Bouteflika, encore et toujours, donc. Personne d’envergure, pas même des opposants, pourtant jadis vigoureux, pour oser se présenter face à lui. Ni même les habituelles figures dont on reparle à chaque scrutin, tel l’ancien Premier ministre Mouloud Hamrouche, qui attend désespérément, depuis quinze ans, le coup de fil d’un général qui lui ferait franchir le pas… Dans ce théâtre d’ombres qu’est la vie politique algérienne, on parle beaucoup mais on agit peu.

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Reste les cas Ahmed Ouyahia et Ali Benflis. Le premier, fidèle soldat et intègre commis de l’État guère récompensé de ses services, ne se présentera jamais contre Boutef. Et ses chances d’obtenir l’onction de ses compatriotes, malgré un éventuel soutien des militaires, sont faibles. Benflis, lui, dauphin désigné par Bouteflika himself quand il était son homme de confiance et son plus proche collaborateur, serait peut-être président aujourd’hui s’il n’avait décidé, en 2004, de voler de ses propres ailes et de défier son ex-mentor. Erreur de jugement, car il fut manipulé à l’époque par certains hauts gradés, soucieux de montrer au chef de l’État qu’ils ne comptaient pas s’effacer aussi facilement. Mais Benflis, autre enfant du système, comme tous ceux qui ont visé ou visent encore le palais d’El-Mouradia, a mis à profit sa traversée du désert pour se préparer, réunir troupes et moyens, élaborer son programme, tisser de solides réseaux. Peu probable, donc, qu’il ait fait tout cela pour rien. Abdelmalek Sellal – décidément, c’est le bal des Premiers ministres – peut-il se joindre à la course ? Impossible, il n’en a aucune envie !

>> Lire aussi : le choix de Bouteflika pour la présidentielle

Seule certitude, aux allures de constat d’échec : que l’Algérie en soit, quinze ans après la première élection de Boutef, à ce niveau de léthargie et de dépendance vis-à-vis d’un seul homme, aussi providentiel fût-il, en dit long sur le chemin qu’il lui reste à parcourir.

S’il ne faut point oublier qu’il a hérité d’un pays à genoux, abandonné à ses démons pendant près d’une décennie et qu’il a su ramener la paix pour reconstruire une nation forte et qui compte en Afrique comme dans le monde, il n’en demeure pas moins que l’Algérie n’a toujours pas relevé son plus grand défi : préparer l’avenir et, donc, la relève.

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